Sortie du glyphosate, Élisabeth Borne met en avant les paiements pour services environnementaux
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Après le ministre chargé de l’Agriculture, c’est au tour de la ministre de la transition écologique et solidaire, d’avoir été auditionnée, le 29 janvier 2020, par les députés de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate.
Une volonté gouvernementale réaffirmée
Comme Didier Guillaume, Élisabeth Borne a réitéré la volonté du Gouvernement de mettre fin aux principaux usages du glyphosate pour lesquels des alternatives existent d’ici au 1er janvier 2021 et à l’ensemble des usages d’ici au 1er janvier 2023. La volonté, également, de réduire l’usage de tous les herbicides de synthèse. « Je crois sincèrement que nous avons aujourd’hui la possibilité, filière par filière, d’enclencher une dynamique de transition vers des alternatives aux herbicides chimiques », a-t-elle souligné.
La ministre de la transition écologique et solidaire s’est appuyée sur les résultats des fermes Dephy pour illustrer que « la sortie du glyphosate est ambitieuse mais réaliste ». Dans le réseau, « 78 % des exploitations en arboriculture et 66 % des exploitations en viticulture ont d’ores et déjà réduit drastiquement leurs usages de glyphosate, voire l’ont supprimé et, j’insiste, sans dégrader leur résultat d’exploitation ».
Payer et valoriser les efforts des agriculteurs
Élisabeth Borne a insisté sur la nécessité d’accompagner les agriculteurs et présenté les travaux du Gouvernement allant dans ce sens. La stratégie nationale pour le développement du biocontrôle en fait partie, elle sera mise en consultation dans les semaines à venir.
Autre axe de travail : la mise en œuvre des paiements pour services environnementaux. « Les premiers dossiers pourront être sélectionnés en 2020 par les Agences de l’eau, a-t-elle précisé. 150 millions d’euros ont été provisionnés sur 3 ans. » Son souhait est que l’on puisse expérimenter des démarches plus larges que celles liées aux seuls captages prioritaires.
Pour la ministre, « on ne réussira pas la transition écologique sans l’agriculture », et par ces paiements pour services environnementaux, « on reconnaît cette place centrale de l’agriculture dans la transition écologique ».
Élisabeth Borne compte également, pour promouvoir les alternatives, sur le conseil stratégique, qui sera obligatoire pour les agriculteurs. Enfin, elle s’est montrée favorable à la valorisation des efforts du secteur agricole à travers une reconnaissance des modes de production les plus respectueux de l’environnement, notamment avec le label HVE 3. « Aujourd’hui, c’est cette cohérence entre nos ambitions environnementales et nos choix de consommation qu’il faut réconcilier. »
Compter sur la Pac
La ministre table sur l’harmonisation des pratiques au niveau européen. Elle souhaite que la Pac soit un relais des actions menées au niveau national. Et de préciser que la France « a plaidé pour une conditionnalité européenne renforcée qui pourrait intégrer notamment des éléments relatifs à l’utilisation des pesticides ».
Après avoir énuméré les pays européens qui se mobilisent, à des degrés divers, sur une sortie du glyphosate (Luxembourg, Allemagne, Autriche, République Tchèque et Lituanie), Élisabeth Borne a conclu : « Tout cela montre qu’un mouvement important se dessine en Europe ».