Sortie du glyphosate, la liste des impasses attendue pour mi-juin
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Suite à son rapport d’étape de novembre 2019, la mission d’information sur la sortie du glyphosate a, pour la deuxième fois, auditionné le ministre de l’Agriculture. Rendez-vous était pris le 9 janvier à l’Assemblée nationale. Didier Guillaume a rappelé que les engagements pris par le Gouvernement seront maintenus : « Fin 2020, il y aura bien une sortie du glyphosate pour une majorité d’usages. » Rappelant « qu’aucune filière ne sera laissée sans solution », il a confié avoir demandé à l’Anses, pour mi-juin, la liste des impasses techniques. « Il est important qu’à cette date, les choses soient claires, insistait le co-rapporteur Jean-Luc Fugit. Pour avoir le temps d’accompagner techniquement les agriculteurs, mais aussi pour amortir le choc financier des évolutions de pratiques. »
Se passer de tous les herbicides chimiques
Pour le ministre, la volonté du Gouvernement va bien au-delà du glyphosate. « Demain, il s’agira de se passer de l’ensemble des herbicides chimiques, a-t-il confié. L’objectif d’atteindre les moins 50 % de produits phytopharmaceutiques à l’horizon 2025 est toujours là. » Il a bien sûr évoqué les données dévoilées le 7 janvier, illustrant la progression des ventes de substances actives en 2018.
« Au-delà des chiffres, il faut regarder le type de substances utilisées. Et sous cet angle, nous avons la preuve que la transition agroécologique est en marche. Elle est désormais irréversible. Contrairement à ce que certains pensent, les agriculteurs n’ont pas les deux pieds sur le frein. Mais c’est compliqué pour certains d’aller plus vite. Je veux le redire, le temps de la campagne, le temps des saisons, le temps de semer n’est pas le temps des réseaux sociaux. Il faut avoir cela en tête. »
Former, accompagner
Didier Guillaume a insisté sur la nécessité d’accompagner les agriculteurs dans cette mutation. Comment ? En les formant, tout d’abord. Il compte sur les chambres d’agriculture mais aussi sur les lycées agricoles, dont les programmes vont être adaptés dès la rentrée 2020, pour asseoir cette dynamique. 400 M€ seront dédiés à aider les exploitations à investir dans du matériel de pointe. Si le ministre a cité les pulvérisateurs haut de gamme permettant de réduire les quantités d’intrants épandues, la députée Sandrine Le Feur a précisé qu’il ne fallait pas oublier les outils mécaniques, « bien moins coûteux et très efficaces pour pallier l’utilisation d’herbicides ».
Pas de base de données en vue
Évoquée en novembre 2019, l’idée de créer une plateforme nationale d’enregistrement des produits phytosanitaires utilisés par les agriculteurs a de nouveau été abordée par le co-rapporteur Jean-Baptiste Moreau. « L’idée est pertinente mais je n’y crois pas, a répondu le ministre. Quel agriculteur ira spontanément déclarer les volumes utilisés ? On leur en demande déjà beaucoup. À vous de voir comment leur faire accepter cette idée ! »
Fin du glyphosate en 2023 en Europe ?
Pour Didier Guillaume, « ce serait bien qu’en 2023, l’Europe dise qu’elle interdit le glyphosate. Cela éviterait ainsi toutes les distorsions de concurrence », reconnaît-il. Mais pour être crédible sur le sujet, la France doit montrer que cela est possible, pour toutes les cultures.