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Soulagement en demi-teinte suite à l’annonce du budget de la Pac

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Après plusieurs jours de négociations, les 27 Etats-membres de l’Union européenne sont parvenus à trouver un accord sur le budget pour les sept prochaines années. Ce compromis permet de fixer l’enveloppe de la Pac, à 386 Mrds€, hors inflation. Un budget maintenu qui suscite le soulagement, mais aussi la vigilance des acteurs du secteur agricole.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé l’abandon du règlement SUR,  - © D.R.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé l’abandon du règlement SUR, - © D.R.

« Historique ». Après avoir été employé en premier par le Président de la République, Emmanuel Macron, la formule a été reprise par de nombreux commentateurs pour désigner l’accord trouvé le 21 juillet 2020 par les 27 États-membres de l’Union européenne. Après quatre jours et près de 90 heures de négociations, ces derniers sont parvenus à trouver un compromis sur le budget pour la période 2021-2027, et le plan de relance de l’économie. L’enveloppe globale s’élève ainsi à 1074 milliards d’euros pour les sept prochaines années.

Le budget de la Pac maintenu

La validation de cet accord permet de définir, après des années de discussions, le budget consacré à la prochaine Politique agricole commune (Pac). Celui-ci est de 386,7 milliards d’euros courants, c’est-à-dire hors prise en compte de l’inflation, contre 380 milliards pour la période précédente (2014-2020). «  C’est un accord bénéfique à la fois pour les agriculteurs et pour les Français, commente Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, lors d’un point presse. Nos agriculteurs ont besoin d’être accompagnés sur les transitions écologiques et démographiques, c’est un enjeu crucial. » En ce qui concerne plus précisément la France, celle-ci bénéficiera de 62,4 milliards d’euros  (contre 62 milliards pour les sept années précédentes). Dans le détail, si le second pilier bénéficie d’une augmentation de 1,4 Mrd € pour atteindre 11,4 Mrds€, les paiements directs reculent d’un milliard d’euros sur sept ans, et s’établissent à 51 Mrds€.

Des annonces saluées mais nuancées par le secteur agricole

Du côté du secteur agricole, la première réaction a été celle du soulagement. Le budget est en effet plus élevé que celui proposé initialement par la Commission européenne en 2018, à 365 Mrds€. Ainsi, pour la FNSEA et Jeunes agriculteurs, cet accord permet de « limiter la casse ». Les deux syndicats soulignent néanmoins que ce maintien du budget de la Pac, en euros courants, «  cache une érosion » de celui-ci en euros constants. Si l’inflation est prise en compte, l’enveloppe s’élève en effet à 343,944 Mrds€. « La Pac est d’abord calculé en euros courants, c’est ce que les agriculteurs perçoivent  », a justifié Julien Denormandie, interpellé à ce sujet lors des Questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale.

Division par deux de la revalorisation prévue du second pilier

Par ailleurs, l’ambition a été largement réduite en ce qui concerne la revalorisation du deuxième pilier. Sur les 15 milliards annoncés par la Commission, seuls 7,5 ont finalement été conservés dans l’accord final. La plateforme Pour une autre Pac regrette ainsi le manque d’ambition des 27 et l’absence de plafonnement obligatoire des aides ou du maintien des aides à l’hectare non-ciblées. Du côté des Chambres d’agriculture et des syndicats, le regard est désormais tourné vers les volets agricole et biodiversité du Green Deal, et leurs liens avec la prochaine Pac. « Avec des moyens supplémentaires limités, les objectifs devront être adaptés : difficile de demander aux agriculteurs de faire plus sans leur en donner les capacités financières », préviennent ainsi la FNSEA et les JA.