Stéphane Le Foll face aux céréaliers : blocage sur la réduction des phytosanitaires
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Le point de rupture entre les producteurs de grandes cultures et le ministre de l’Agriculture s’est matérialisé autour de deux échanges virulents sur la réduction de l’usage des produits phytosanitaires, lors du congrès d’Orama. MAE, eau, plan protéine, néonicotinoïdes, nouvelles techniques de sélection, distorsion de concurrence au niveau européen… Les messages avancés par Stéphane Le Foll lors du congrès d’Orama à Reims, le 28 janvier, allaient pour l’essentiel dans le sens des attentes des producteurs de grandes cultures. Reste cependant un dossier sur lequel le ministre n’entend pas lâcher : la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Deux de ses déclarations ont déchaîné les huées des agriculteurs. La première, lorsque Stéphane Le Foll les a interpellés sur leurs charges opérationnelles, dont la réduction leur permettrait de conforter leurs marges. « C’est ne pas connaître le fonctionnement de la nature » ont, en substance, répliqué les présidents des organisations professionnelles. Attaque frontale contre les coopératives La deuxième déclaration attaquait frontalement les coopératives agricoles. A propos du refus de la profession de voir se mettre en place les certificats d’économie de produits phytosanitaires, CEPP, Stéphane Le Foll a lancé aux agriculteurs, « si vous êtes du côté des coopératives, vous avez plutôt intérêt à vendre des produits. » Sous-entendant que les distributeurs ne voient que leur chiffre d’affaires et rien d’autre. Michel Prugue, président de Coop de France a dénoncé le caractère insultant de cette assertion. « Les coopératives accompagnent au quotidien leurs adhérents dans la défense de leur revenu tout en s’engageant de manière volontariste dans des démarches en faveur de l’environnement », a souligné aussitôt Coop de France. Vives réactions « Il n’est pas normal qu’un ministre nous ait traités ainsi », s’est également insurgé Xavier Beulin, ajoutant que l’ensemble des partenaires de l’agrochimie et de l’agrofourniture partageait ce point de vue. Propos confirmés par un communiqué de l’UIPP le 29 janvier, indiquant que « de tels propos remettent en question non seulement les efforts des entreprises (…) mais aussi les avancées réelles obtenues grâce à la mobilisation de tous. » Philippe Pinta a, au nom d’Orama, proposé de remettre à plat Ecophyto, l’objectif d’une réduction des phytos de 50 % étant intenable à ses yeux. Il propose que les discussions soient menées au sein de FranceAgriMer. Le ministre a reconnu que les indicateurs pour les CEPP faisaient débat. Il s’est dit « prêt à prendre des propositions sur les indicateurs composites. » Il a rappelé qu’il ne s’agissait ni d’une sanction, ni d’une mesure fiscale… en tout cas pas avant cinq ans, et si la barre des -20 % de ventes des phytos n’était pas franchie. Les points de convergence Stéphane Le Foll s’est appliqué à montrer les acquis obtenus sur une série de sujets : nitrates, mesures agro-environnementales, distorsions de concurrence au niveau européen, tant économiques que sociales… Sur le dossier des néonicotinoïdes, « c’est trop facile de demander l’interdiction tant qu’il n’y a pas de solution alternative », a clairement indiqué Stéphane Le Foll, se rangeant de fait du côté des producteurs. Il s’est dit également prêt, sur le dossier des nouvelles techniques de sélection, à ne pas les associer à la réglementation actuelle sur les OGM. Un point qui ne peut que rassurer les semenciers.