Stéphane Travert annonce que l'État se désengage des aides au maintien en agriculture bio
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« Nous allons, dès 2018, recentrer les budgets disponibles sur le financement des nouveaux contrats d’aide à la conversion. » L’annonce de Stéphane Travert, en visite au salon Tech & Bio le 20 septembre, à Bourg-lès-Valence, n’a pas manqué de faire réagir. En clair, l’État se désengage des aides au maintien.
Travert défend son attachement à la bio
Interpelé par plusieurs acteurs de la filière, le ministre précise le 22 septembre, par communiqué, que « le développement du bio est une priorité » pour le gouvernement. Stéphane Travert laisse entendre que les aides au maintien peuvent continuer à exister, laissant la main aux régions, dépositaires de la répartition des Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) : « Les régions pourront continuer de financer des aides au maintien sur de nouveaux contrats, mais elles devront le faire sans mobiliser les crédits du ministère. » Et de préciser que le Gouvernement prolongera le crédit d’impôt bio, qui devait prendre fin en 2017.
Le ministre ajoute un nouvel argument pour prouver son attachement à la bio, en rappelant qu’il a pris la décision, cet été, d’affecter 4,2 % des financements du premier pilier de la Pac vers le second, au profit notamment de la bio. Une décision qui avait pourtant mécontenter la filière bio, qui attendait un transfert de 3 % du premier pilier, mais uniquement pour les agriculteurs labélisés AB. Or, les quelque 300 M€ annuels concernés par cette opération sont également sensés profiter à l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN), aux mesures agro-environnementales et à l’assurance récolte.
La Fnab demande une « vraie ambition »
Pour la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), le désengagement de l’État sur les aides au maintien est donc un second coup dur en moins de deux moins. Sa présidente Stéphanie Pageot déplore un déni des externalités positives de la bio sur l’environnement qui mérite rémunération. Et un manque d’ambition politique : les 8 % de surfaces agricoles converties à l’horizon 2022 est bien en dessous de ce que la croissance du marché pourrait permettre selon la Fnab, pour qui les 20 % seraient atteignables.
La Confédération paysanne déplore également ce qu’elle interprète comme un abandon de la filière : « Dans l’économie de marché libérale, les aides au maintien bio sont indispensables pour que l’agriculture biologique se développe au-delà de la niche économique dans laquelle elle se trouve. »
Un marché rémunérateur pour l’AB, et qui permette de mettre un frein sur les aides au maintien, tous les acteurs de monde agricole n’y sont pas hostiles. Des représentants de la FNSEA et de Coop de France s’étaient montrés sur cette ligne durant l’été.