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Terre de Liens promeut un portage foncier d’intérêt général

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Le portage foncier est un levier idéal pour l’installation selon Terre de Liens. La structure publie un rapport, le 20 février 2024, et demande au gouvernement de soutenir un portage foncier d’intérêt général assurant la souveraineté alimentaire et la transition écologique.

Terre de Liens promeut un portage foncier d’intérêt général
Terre de Liens promeut un portage foncier d’intérêt général

Dans un rapport publié le 20 février 2024, Terre de liens dénonce la difficulté de l’accès aux terres agricoles. « Nos chiffres montrent qu’il sera impossible d’endiguer la disparition des fermes si le gouvernement ne réhausse pas drastiquement son investissement », explique Terre de Liens. Selon l’association, il faudrait 20 à 25 000 installations chaque année pour assurer la relève agricole, contre 10 à 15 000 actuellement. Cette dernière dénonce un système qui favorise l’agrandissement des exploitations : un million d’hectares changent de main tous les ans, mais moins de la moitié permet réellement des installations. « En 50 ans, la surface moyenne des fermes a augmenté de 50 hectares », indique le rapport.

Eviter l’endettement

La solution selon l’association ? Le portage foncier. Ce système permet à des structures ou des personnes morales d’acquérir des hectares pour les mettre à disposition des agriculteurs. Ainsi, ces nouveaux arrivants pourront s’installer sans devoir supporter l’investissement de départ que la structure chiffre à 200 000 euros en moyenne.

Toutefois, le rapport met en garde contre certains acteurs du portage foncier qui recherchent une rentabilité, aggravant la financiarisation du foncier agricole, avec des modèles d’investisseurs. « C’est incompatible avec la transition agroécologique, le portage foncier ne doit pas se faire à n’importe quel prix, prévient Coline Sovran, autrice du rapport et chargée de plaidoyer national, lors d’un point presse organisé le 20 février. Des garde-fous doivent être mis en place. Le risque est que cela pousse à l’agrandissement et à la rationalisation, plutôt qu’à la diversification des exploitations. »

Un portage foncier qui soutient l’agroécologie

Terre de Liens fait la promotion d’un portage foncier d’intérêt général qui dispose d’externalités positives : restructuration des fermes, création d’emplois, dynamisme des territoires, meilleure attractivité des métiers d’agriculteur, fonction nourricière assurée, et accélération de la transition avec le bail rural environnemental. « L’état doit soutenir des systèmes non spéculatifs qui soutiennent l’agroécologie et l’autonomie des exploitations », insiste l’association.

1,4 Md d’euros

Terre de Liens demande au gouvernement de soutenir cette dynamique. Le coût est estimé à 1,4 milliard d’euros pour permettre d’installer 7000 personnes et d’atteindre 75 % des besoins d’installations chaque année. L’association vise notamment le marché des terres libres, estimé à 230 000 hectares.

Quid du fonds « Entrepreneurs du vivant » doté de 400 millions d’euros pour renouveler les générations agricoles, mis en place par le président de la République ? « Seuls 15 % seraient consacrés au portage foncier, poursuit Coline Sovran. Rien ne nous indique que cela sera fléché vers des fermes soutenant la souveraineté alimentaire. Nous avons le sentiment d’un grand gâchis d’argent public. »

Selon Terre de Liens, 40 % des 26 Mha de terres agricoles partent à l’exportation, et l’équivalent de 9 Mha sont importés chaque année. « Il est urgent de réorienter notre agriculture pour qu’elle ne soit plus tournée vers l’export et la spéculation mais vers sa fonction première : être nourricière », indique-t-elle.