Trésoreries des exploitations : du « jamais vu » pour la filière céréalière
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« C'est du jamais vu. Nous n'avons jamais observé une telle situation durer, et être si compliquée économiquement : 40 % des céréaliers sont sans revenus disponibles en 2017 », déclare Philippe Pinta, président de l'AGPB, l'Association générale des producteurs de blé, en introduction d'une conférence de presse qui s'est tenue à Paris le 23 janvier.
Pour challenger ses concurrents et redonner aux agriculteurs un revenu décent, la filière céréalière française doit se moderniser. « Sur 15 ans, il faudrait 14 milliards d'euros pour le plan de transformation », chiffre Philippe Pinta. Un effort à partager entre tous les acteurs de la filière, de l'agriculteur jusqu'aux entreprises agro-alimentaires en passant par les organismes stockeurs… mais aussi l’État ! Les agriculteurs français investissent chaque année entre 10 à 12 milliards d'euros, et les industries agro-alimentaires, avec les coopératives et les négoces, aux alentours de cinq à six milliards.
« S'il y avait un milliard d'euros par an pendant cinq ans pour les grandes cultures,de la part de l'Etat, ce serait bien », poursuit Philippe Pinta. Un souhait qui paraît difficilement réalisable, sachant que l'enveloppe totale du plan de l’État s'élève à cinq milliards d'euros pour toutes les filières.
Une mission pour les zones intermédiaires ?
Malgré la morosité ambiante, les céréaliers tenteront de se projeter autour du thème « Une filière engagée pour l'avenir », lors de leur congrès qui se tiendra les 31 janvier et 1er février à Dijon, zone intermédiaire où cette tension économique s'applique plus que jamais. La profession a demandé au ministre de l'Agriculture que soit diligentée une mission sur ces zones intermédiaires, afin de trouver des solutions pour qu'elles regagnent en compétitivité. Les membres de l'AGPB devraient profiter du congrès pour se réunir à huit clos et aborder cette question.
Photo : Philippe Pinta, président de l'AGPB et Eric Thirouin, secrétaire général.