Un rapport alarmant liste les menaces pesant sur les systèmes alimentaires mondiaux
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Plus de cinquante chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) se sont mobilisés pour la rédaction d’un rapport co-édité par la Commission européenne et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Présenté à l’occasion de la 46e réunion du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, mi-octobre à Rome, le document est consacré aux risques pesant sur les systèmes alimentaires mondiaux.
Démographie, environnement, marchés et catastrophes naturelles
Les constats exprimés se veulent alarmistes. Pour les auteurs, les risques « se précipitent, s’aggravent et se combinent ». Le Cirad liste différentes tendances laissant craindre une multiplication des crises alimentaires :
- La « démographie galopante » de certains pays, qui va accentuer la demande alimentaire et se traduire par une pression accrue sur la terre. L’évolution des besoins nutritionnels, plus « qualitatifs », vont de paire avec cette tendance. La malnutrition et l’apparition de nouveaux risques sanitaires, microbiologiques ou chimiques, sont également à surveiller de près ;
- La dégradation de l’environnement, qui « s’accélère et touche tous les pays », menaçant les rendements.
- Les marchés internationaux, présentant le risque « d’être plus tendus et surtout plus instables » à l’avenir.
- Les catastrophes naturelles et les conflits générant des déplacements et migrations, « largement responsables de la remontée de l’insécurité alimentaire ».
Situation « sans précédent »
« La combinaison de ces risques nous fait rentrer dans une situation sans précédent où peuvent se jouer des effets multiplicateurs, des dépassements de seuils de non-retour dans certains domaines comme la biodiversité », souligne Sandrine Dury, économiste au Cirad. Pour répondre à cette situation, le rapport invite à une action localisée, et met en exergue les populations faisant déjà face ces contraintes, qui « inventent des solutions et mobilisent celles qui existent déjà » pour développer leur propre résilience. Autre piste évoquée : revoir la gouvernance des systèmes alimentaires en reconfigurant les rapports de force, « en accordant plus de poids à ceux qui souffrent le plus de l’insécurité alimentaire et non à ceux qui cherchent à en tirer profit ».