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Une plainte déposée contre la Campagne glyphosate pour « communication mensongère »

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La « Campagne glyphosate », lancée au printemps 2018, invite les citoyens à faire analyser leurs urines, pour y détecter d’éventuelles traces de glyphosate. En cas de présence de la molécule, ces « pisseurs volontaires » peuvent se joindre à une démarche collective visant à porter plainte contre les firmes fabriquant des pesticides à base de glyphosate et les responsables de leur homologation. Près de 3000 plaintes de ce type ont été recensées.

Biais de méthodologie suspectés…

Alors que les organisateurs de la Campagne glyphosate s’enorgueillissent d’avoir collecté 6000 échantillons d’urine auprès de citoyens, la méthode utilisée pose de plus en plus question. Ce protocole, « Elisa », et ses conditions d’application par le laboratoire allemand BioCheck, choisi pour cette campagne, a été mis en doute au fil des semaines. En septembre 2019, une vingtaine d’agriculteurs du Morbihan notaient l’absence de glyphosate détectable dans leurs urines avec une autre méthode, la chromatographie, réalisée par le CHU de Vannes, quand celles des « pisseurs » sont systématiquement positives.

…puis avérés

Ces résultats, suggérant un biais lié à ces deux protocoles, a été confirmé par la suite. En octobre, un agriculteur de la Vienne a exploré les deux voies : Elisa, via BioCheck, et chromatographie, via le CHU de Limoges. Un mois plus tard, deux journalistes du Mensuel du Morbihan se sont prêtés au même jeu. Verdict, dans ces trois cas : les tests des « pisseurs » sont positifs, ceux des CHU sont négatifs. Les deux journalistes soulignent par ailleurs la prise de position de l’une des fondatrices de BioCheck, partisane de l’interdiction du glyphosate. Plusieurs scientifiques, enfin, ont pris la parole pour évoquer la plus grande fiabilité de la chromatographie par rapport à Elisa pour détecter le glyphosate. La société américaine Abraxis, qui commercialise les kits utilisés par BioCheck, a d’ailleurs expliqué que ces kits, seuls, n’étaient pas reconnus par les agences sanitaires.

Une plainte contre Campagne glyphosate

Plus récemment, à la lumière d’une dizaine de « doubles analyses » commanditées par la FDSEA du Finistère, avec la même divergence de conclusion systématique (tests positifs avec BioCheck, négatifs avec le laboratoire Labocea de Brest), une plainte a été déposée… mais contre Campagne glyphosate, cette fois. La FDSEA d’Ille-et-Vilaine annonce avoir lancé une démarche en justice le 20 décembre dernier, auprès du procureur de Rennes. Le président de la FDSEA 35, Cédric Henry, dénonce sur le site du syndicat les « procédés de communication mensongers de ce collectif », ainsi que « l’incitation au harcèlement et à la violence contre les agricultrices et les agriculteurs français ». Il déplore le poids de cette campagne sur l’ambiance politique autour de l’herbicide polémique. Si les différents ministres aux affaires depuis un an et demi se sont gardés de commenter cette campagne, celle-ci rencontre un écho médiatique important.