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Une soixantaine de projets de retenues d’eau prévue d’ici à 2022, selon Didier Guillaume

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« L’agriculture sera résiliente si elle est irriguée. » Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a renouvelé sa position en faveur des retenues d’eau, le 29 août sur CNews. Il a assuré que la mise en place d’une soixantaine de retenues collinaires serait autorisée dès 2019. Celles-ci devraient être installées d’ici à 2022, selon le cabinet du ministre. « Nous n’allons pas regarder l’eau tombée du ciel pendant six mois, et la chercher les six autres mois de l’année. Là où il y a de l’eau, où on peut irriguer, il n’y a pas de sécheresse », a-t-il justifié.

Le ministère de la Transition écologique accepte « dans ce cadre »

La secrétaire d’État à la transition écologique, Emmanuelle Wargon, a également été interpelée à ce sujet, suite à la tenue, le même jour, de la troisième réunion du Comité de suivi hydrologique de l’année. Un point durant lequel a été souligné la gravité de la sécheresse touchant la France depuis le mois de juin. 20 % du territoire est concerné par des mesures de crise, contre 4 % en 2018, 13 % en 2017 et 2 % en 2016. La secrétaire d’État a réaffirmé que ces retenues n’étaient « pas la panacée » et ne devaient pas « éviter de se poser la question de la quantité et des usages ».

Elle a néanmoins concédé que cela pouvait être « une réponse possible à un plan collectif entre agriculteurs, associations de défense de l’environnement, consommateurs, industriels. (…) Le ministère accepte le principe de retenues, mais dans ce cadre », a-t-elle précisé. Le Comité de suivi hydrologique a préconisé « d’adopter un usage économe de la ressource en eau ». Didier Guillaume a, dans ce sens, affirmé que « les agriculteurs utilisent aujourd’hui 30 % de moins de volumes d’eau qu’il y a 10 ou 15 ans. Les agriculteurs font attention. »

Une prise de position saluée par le secteur agricole

Sans surprise, ces déclarations ministérielles ont satisfait les représentants du secteur agricole. Dans un communiqué conjoint, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Jeunes agriculteurs (JA), les chambres d’agriculture et Irrigants de France « se félicitent de ces prises de paroles ». Ces derniers arguent ainsi que, « dans le contexte de changement climatique que nous vivons, l’une des solutions réside bien dans le stockage de l’eau hivernal et la sécurisation via le transfert sur la majorité des territoires. (…) Suite aux conclusions des Assises de l’eau, nous attendons la mise en œuvre dès maintenant de la nouvelle instruction sur les projets de territoire pour la gestion de l’eau. »

Didier Guillaume appelle à la concertation

Un enthousiasme qui n’est pas partagé par tous. La Confédération paysanne évoque ainsi « un pied de nez aux enjeux auxquels l’agriculture doit se confronter pour faire face à la problématique de l’eau ». Pour le syndicat, « la résilience de l’agriculture se joue dans sa capacité à mettre en œuvre des pratiques permettant d’économiser l’eau, de la répartir et de recréer des espaces naturels de stockage de l’eau, en particulier dans les sols ».

Même humeur sombre chez France nature environnement. « C’est totalement irresponsable. Les Assises de l’eau n’ont jamais validé cette orientation », a confié à l’AFP Michel Dubromel, président de FNE, qui parle de « fausse bonne solution ». Conscient de ces oppositions, Didier Guillaume affirme que ces retenues d’eau se feront dans le cadre de « projets de territoire », pour favoriser les discussions. « Pourquoi les écologistes seraient contre ? L’eau qui tombe du ciel retournera au sol, simplement pendant un certain temps elle sera captée et servira lorsqu’il y en aura besoin. Je pense que c’est cela, le pragmatisme », a-t-il défendu.