Usine de La Mède : « Nous ne voulons pas épingler Total, mais alerter le gouvernement », Arnaud Rousseau, président de la Fop
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Référence environnement : L’unité de La Mède devrait utiliser 50 000 tonnes d’huile de colza. Quel regard portez-vous sur cet engagement de Total ?
Arnaud Rousseau : Clairement, ces 50 000 tonnes sont un débouché supplémentaire bienvenu. Toutefois, rien n’est signé. Ensuite, ce volume reste très inférieur à celui d'huile de palme importée par cette raffinerie, estimé à 300 000 tonnes. La dynamique de marché portée par La Mède est donc défavorable au colza. Or, le fonctionnement du marché est clair : moins de demande implique un prix plus bas, et donc une culture moins intéressante pour les agriculteurs.
R.E. : Par cette mobilisation, quel est le message que vous souhaitez porter ?
Arnaud Rousseau : Nous ne voulons pas épingler Total. Il cherche la rentabilité, et donc les matières premières les moins chères, en toute logique. À ce titre, les 50 000 tonnes d’huile de colza annoncées pour approvisionner La Mède sont un effort réel. Notre protestation dépasse la bioraffinerie : elle concerne la politique globale que le gouvernement souhaite développer.
R.E. : Quel est le panorama global du marché de l’huile de colza ?
Arnaud Rousseau : Il y a deux coproduits à la culture de colza. Le tourteau, pour lequel la demande est importante et l’huile. Pour l’huile, les biocarburants représentant environ deux tiers des débouchés. Le sujet est donc sensible. Mais la logique du moins cher, que l’on pointe avec la concurrence avec l’huile de palme, est transposable aux autres filières : si le gouvernement ne bouge pas, les acteurs de l’oléo-chimie, marché prometteur, pourrait vouloir chercher l’huile la moins chère au détriment des productions françaises.