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« Veiller à la cohérence de France 2030 avec la transition agroécologique », Marion Guillou, Haut conseil pour le Climat

Le | Politique

Sollicitée pour devenir ambassadrice du plan France 2030, Marion Guillou, membre du Haut conseil pour le climat et ancienne présidente d’Inrae, explique à Référence agro comment elle remplit cette fonction. Elle défend, dans ce cadre, un plan aligné avec les enjeux de durabilité du secteur agricole.

« Veiller à la cohérence de France 2030 avec la transition agroécologique », Marion Guillou, Haut conseil pour le Climat
« Veiller à la cohérence de France 2030 avec la transition agroécologique », Marion Guillou, Haut conseil pour le Climat

Référence agro : Vous avez été nommée ambassadrice du plan France 2030. Quels sont les contours de ce rôle ?

Marion Guillou : C’est un rôle de témoin. Je ne suis pas membre du jury des dispositifs : mes avis se situent en amont. Je porte un œil critique et externe sur les orientations du plan. J’apporte ma vision, mon attachement aux transitions agroécologiques, qui ne sont pas toujours spontanées, et ma vigilance vis-à-vis des enjeux climatiques.

R.A. : Quels avis concrets avez-vous eu l’occasion de formuler ?

M.G.  : J’ai notamment exprimé l’importance de veiller à la baisse des émissions liées à l’agriculture et de renforcer la résilience des exploitations, donc par exemple d’évoluer vers des modes de fertilisations organiques, plutôt que minérales. La conjoncture des prix y est favorable, mais il est important de structurer cette tendance. Avec mes homologues ambassadeurs, qui ont chacun leur domaine d’expertise, nous avons aussi évoqué la lourdeur de certains dossiers administratifs pour les petites structures.

Les responsables du plan, dont l’agenda est chargé, ont pris le temps de nous écouter à différentes reprises. Un grand défi de la robotique vient d’être lancé, après que nous avons défendu l’idée d’encourager les acteurs de ce secteur : il est difficile d’évaluer le poids que nous avons pu avoir dans le processus de décision, d’autant que nous ne sommes pas les seuls à nous exprimer, mais c’est un signal positif.

R.A. : Quel peut-être la place de la distribution agricole dans un plan comme France 2030 ?

M.G. : À mon avis, ces structures ont un rôle central, à plusieurs titres. Au contact du terrain, les coopératives et les entreprises de négoce sont en mesure de porter une vision renouvelée des pratiques, intégrant les complexités de l’agroécologie. Si elles n’accompagnent pas ce mouvement, rien ne bougera. Elles sont, par ailleurs, un maillon central des filières territorialisées. On parle beaucoup des légumineuses, des cultures protéiques : façonner un débouché, via une usine de trituration par exemple, peut modifier en profondeur le profil agricole d’un bassin, et les coopératives et négoces sont au cœur de ce type de projets, qui peuvent être soutenus par France 2030.