Prix de la viande bovine : les éleveurs premiers lésés
Le
Contrairement à ce que dénonçaient les producteurs bovins à l’automne dernier, les industriels et les distributeurs ne se seraient pas enrichis sur leur dos. En revanche, les éleveurs n’ont pas pu répercuter l’augmentation de leurs coûts de production. Ce sont les principales conclusions du rapport de l’Observatoire des prix et des marges sur la viande bovine présidé par l’économiste Philippe Chalmin et remis le 6 janvier à Bruno Le Maire. Réagissant à ces conclusions, le ministre de l’Agriculture a constaté « qu’il n’y avait pas de gagnant dans la filière bovine. Mais il y avait des perdants : ce sont les producteurs ». J.P.
Bruno Le Maire propose quatre pistes de travail pour redresser la situation : la réduction des coûts de production par le développement des unités de méthanisation et l’augmentation des tarifs d’achat de l’électricité, un travail sur les débouchés avec notamment l’allègement des carcasses pour mieux répondre à la demande des consommateurs, la modernisation de l’abattage et une meilleure organisation de la filière. Les professionnels devront soumettre au ministre des propositions avant le 15 février et des mesures devront être prises avant le 1er juillet.
Les prix de la viande bovine à la production ont fait preuve d’une grande stabilité de l’ordre de 2,75 €/kg pour une vache de réforme « moyenne » (lait et viande) sur la période 2000-2010. Et ce, malgré les fluctuations saisonnières importantes et l’épisode de la crise de la vache folle au début de la décennie. Sur la même période, en revanche, la marge brute de l’industrie et de la distribution a augmenté d’un peu plus d’un euro par kg de carcasse (1,06 €/kg) Mais selon le rapport remis par Philippe Chalmin, cette croissance s’explique essentiellement par le durcissement des exigences sanitaires et de traçabilité imposées à la filière (taxes diverses, tests ESB, enlèvement et élimination des déchets, moindre valorisation du cinquième quartier, entrée en vigueur du paquet hygiène…). Soit un coût total estimé à 0,50€ kg de carcasse. D’après l’Observatoire, le reste est imputable à l’augmentation des consommations intermédiaires à mettre en relation avec les modifications des comportements alimentaires (barquettes et produits de plus en plus élaborés, emballages…).