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Rencontre avec Jean Colas, en charge de l’activité céréales chez SNCF Fret : « 70 % de baisse de l’activité »

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Si la collecte 2016 restera dans les mémoires d'agriculteurs, elle demeurera aussi une année noire pour tous les métiers de la logistique interagissant avec le secteur agricole, des transporteurs routiers aux équipes des silos portuaires. Le fret ferroviaire n'échappe pas à cette règle. Rencontre avec Jean Colas, attaché commercial en charge de l'activité céréales chez SNCF Fret.


Référence-appro.com : Quels sont les impacts de la collecte 2016 sur votre activité ?

Les 30 % de collecte en moins représentent une baisse de l'activité céréales de 70 % pour SNCF Fret, qui prévoit une perte de 50 M€ de chiffre d'affaires sur l'ensemble de la campagne. L'entreprise transporte habituellement cinq millions de tonnes de céréales à destination du marché interne et des ports français, ainsi qu'un million de tonnes vers les pays frontaliers que sont l'Italie, l'Allemagne et le Bénélux. A titre d'exemple, SNCF Fret fait rouler habituellement 15 trains par semaine en direction du port de Rouen. Cette année, la fréquence hebdomadaire se limite à un train.  

RA : Comment vous-êtes vous adaptés à cette baisse d'activité ?

A l'image de plusieurs coopératives et unions, l'entreprise a été contrainte de mettre en place du chômage partiel et de réaffecter des salariés sur d'autres activités. Nous avons dû aussi gagner en flexibilité pour satisfaire nos clients fidèles, mais aussi des acheteurs plus ponctuels. Quatre à six semaines sont en général nécessaires pour mettre en place un train. Cette année, l'entreprise est en mesure de réagir en deux semaines à certaines demandes. Cela implique parfois de ne pas pouvoir transporter la totalité du volume de l'industriel, mais au moins, nous pouvons répondre aux attentes de nos clients historiques.


RA : Les changements sont-ils sensibles sur les destinations ?

Nous avons observé un chamboulement des flux de céréales. Pour la première fois, nous avons acheminé des trains provenant du port de Gand aux Pays-Bas vers le Nord de la France pour répondre aux besoins d'industriels, faute de blé français de qualité. Nous avons aussi affrété des trains venant de Hongrie. Ces provenances sont habituellement en concurrence avec les marchandises françaises pour l'export, mais ne sont pas vendues à des acteurs sur le territoire. Sur la collecte 2016, cette réorientation du sourcing représente 10 % des volumes transportés par SNCF Fret à destination du marché interne.