Rencontre avec Michel Portier, directeur d’Agritel - « Marchés : à court terme, la tendance est à la hausse »
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En septembre 2014, le blé cotait 150 € la tonne. Cette semaine, il frôle de nouveau les 200 €. Une situation que peu d'observateurs avaient prédit. Cette tendance, à la hausse, est-elle durable ? Michel Portier, directeur d'Agritel, nous livre son analyse.
En fin d'année, les cours des céréales reculaient avant de repartir à la hausse ces derniers jours. Quelles en sont les raisons ?
Trois raisons expliquent cette tendance à commencer par la décision de la Russie, le 22 décembre, de mettre en place des taxes à l'exportation entre le 1er février et le 30 juin. Cette taxe, de 15 % du prix Fob + 7,5 €/t, ne pourra pas être inférieure à 35 €/t. Par cette décision, le gouvernement russe espère décourager les exportations, faire baisser les prix sur le marché intérieur et stopper la chute du rouble. Nous estimons à 5 Mt les quantités de blé qui ne seront pas exportées : une opportunité pour l'Europe qui pourrait fournir au moins 3 Mt.
Quels sont les autres facteurs qui expliquent cette hausse des cours ?
Les très basses températures enregistrées ces derniers jours aux USA (- 20 à -25°C) laissent craindre des dégâts de gel notamment sur le SRW (Soft Red Winter) qui affichait déjà un état des cultures peu satisfaisant à l'entrée de l'hiver. La neige n'est pas toujours là pour protéger les cultures. Dernier élément à prendre en compte : la chute de l'Euro qui s'est accélérée avec la dégradation de la situation grecque. Sur la scène internationale, l'origine européenne devient ainsi la plus compétitive : le récent appel d'offre de l'Algérie, à hauteur de 500000 t de blé tendre, devrait en être la preuve.
Pour le maïs et le colza, la situation est-elle la même ?
Oui. Même le maïs, avec ses volumes importants suit la tendance du blé. Le colza aussi affiche quelques velléités à la hausse - malgré un cours du pétrole en net recul - suivant ainsi le soja qui reste très demandé, notamment par la chine. Pour ces trois cultures que sont le blé, le maïs et le colza, la hausse la plus surprenante reste à mon sens celle du blé.
A moyen terme, qu'est ce qui pourrait inverser cette tendance ?
Une nouvelle décision de la Russie qui remettrait en cause sa taxe sur l'exportation. Et puis, les quantités non exportées par ce pays cette année se retrouveront sur le marché dès la prochaine campagne. A récolte 2015 « normale », cette hausse ne devrait pas tenir. Mais cela reste une prévision…
Cours en euros/tonne sur les marchés, au 19 décembre. Euronext, première échéance. Entre parenthèses, cours du 19 décembre.
Blé : Euronext, 194,75 (196) ; rendu Rouen, 192 (192)
Maïs : Euronext, 162,75 (156,75) ; rendu Bordeaux, 162 (156)
Colza : Euronext, 361,25 (347) ; rendu Moselle, 364 (350)