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Rencontre avec Philippe Kerbidi, responsable commercial export chez InVivo - « Tenir compte des attentes de nos clients »

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Le 20 mars dernier, lors de la journée d’échanges organisée par France Export Céréales (cf actu du 25/03/13), les intervenants ont insisté sur la fragilité du capital exportable des céréales françaises. En cause, une qualité technologique pas toujours au rendez-vous. Comme nous l’explique Philipe Kerbidi, responsable commercial export chez InVivo, la filière céréalière française prend ce sujet très au sérieux. Propos recueillis par Maëlle Tillien

Pourquoi la France connait-elle une campagne d’exportation difficile pour ses céréales ?

La France subit, à l’export, une campagne délicate car la concurrence est rude. Si les blés français flirtent avec les critères technologiques minimums -notamment en terme de taux de protéines - nos concurrents eux, affichent de bien meilleurs chiffres. Force est de constater que certains agriculteurs français préfèrent encore opter pour des variétés à fort potentiel de rendement : l’aspect qualité peut parfois en pâtir, a minima la teneur en protéines. Il s’agit là d’une réponse logique à la demande du marché dont les prix élevés envoient un message clair : il faut produire plus !

La situation est-elle identique chez nos concurrents ?

Non. Les exigences réglementaires ne sont par exemple pas identiques dans tous les pays, notamment en termes d’apports d’azote. Ainsi, dans certaines régions françaises, la limitation d’apport d’engrais via la directive nitrates peut pénaliser les résultats finaux. Sans oublier que certains pays - le Kazakhstan, la Russie, l’Australie, les Etats-Unis, l’Ukraine, l’Argentine et le Canada - travaillent sur des rendements à l’hectare inférieurs aux nôtres : la moitié au mieux ! Il est dès lors plus aisé d’obtenir des taux de protéines compris entre 12 et 13 %.

Quelle stratégie la France doit-elle mettre en place ?

La France a parfois tendance à oublier qu’elle doit être dans une logique d’exportation. Pour les agriculteurs, il n’y a pas assez d’incitations à produire des blés à forte teneur en protéines. Les prix, porteurs, soutiennent la course au rendement. Or le catalogue français possède des génétiques qui allient à la fois productivité et taux de protéines. Et puis, n’oublions pas les pratiques culturales qui elles aussi, permettent d’ajuster la qualité du grain. En moins de 5 ans, la France a doublé le volume de ses exportations vers les pays tiers. Quand la demande est forte, tous les blés se vendent, quelle que soit la qualité. Mais quand les acheteurs se font plus exigeants ou quand la production est plus importante, c’est le couple qualité-prix qui fait la différence. Et à ce jeu-là, cette année, la France ne sort pas vainqueur. Un avertissement à prendre au sérieux.