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Rencontre avec Rémi Depoix, président de Céréalis - « La crise Ebola ne devrait pas nuire à nos exportations de blé en Afrique »

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Responsable d'une société de négoce de grains qui concentre ses activités vers l'Afrique, Rémi Depoix tient à rassurer la filière céréalière sur les risques que fait peser l'épidémie de virus Ebola sur les importantes expéditions de blé français de qualité vers ce continent.


Référence appro : Que représente l'Afrique dans le commerce des blés français ?

Rémi Depoix  : Céréalis exporte chaque année vers le continent africain environ 500 000 tonnes de blé de haute qualité meunière, avec des taux de protéines avoisinant les 12 %. Ces expéditions se font essentiellement depuis le Port de Rouen, même si les déficits en qualité cette année nous ont obligés à expédier depuis La Pallice et Bordeaux. Il faut bien savoir que les Africains sont de gros consommateurs de pain et que ce marché est très important pour nos blés français, car en très fort développement, + 5 à 6 % par an. La Russie et l'Ukraine sont des concurrents redoutables sur ce marché, mais ils peinent aujourd'hui à l'atteindre par manque d'organisation de leurs filières.


R.A. Faut-il craindre un impact sur nos exportations en raison de la crise sanitaire liée à l'épidémie de virus Ebola ?

R. D. : L'épidémie de virus Ebola a généré une immense crise sanitaire en Afrique, avec plus de 5 000 morts. Si la situation ne faisait qu'empirer, tout commerce avec cette zone du monde cesserait avec de graves conséquences tant commerciales qu'humanitaires. Mais l'OMS semble plus optimiste et il semblerait que les niveaux de contamination soient parvenus à un équilibre, notamment parce que les mesures prises par les pays concernés se sont durcies. Et contrairement à la médiatisation négative qui est faite aux États-Unis et en Europe à chaque apparition de cas, nos clients africains avec qui nous sommes en contact quotidien ne vivent pas avec un sentiment de psychose. Bien que les armateurs nous mettent en garde et que quelques cas sont signalés de chargements qui reviennent d'Afrique en raison de cette crise, les activités de Céréalis n'ont pas du tout été impactées par le virus Ebola. Je ne voudrais donc pas avoir des propos trop rassurants car la crise sanitaire est bien là, mais elle ne devrait pas nuire à nos exportations de blé vers l'Afrique.


R. A. : Quels sont les scénarios malgré tout envisageables d'impacts de cette crise sanitaire sur vos activités de commerce de blés vers l'Afrique ?

R. D. : La position de notre société de négoce est inconfortable, prise entre nos clients africains optimistes et les armateurs dont les contrats d'affrètement sont très verrouillés et envisagent tous les problèmes. Si un cas de contamination survient dans un pays où notre blé doit être livré, les armateurs peuvent refuser d'accoster à certains ports. Un autre pays peut aussi obliger les bateaux à rester au large pendant une période d'incubation de plusieurs semaines. Cela peut avoir de grosses conséquences financières que le seul négociant doit assumer et nous devons le prévoir dans nos marges commerciales.