Saipol réduit sa production de biodiesel : davantage d’huile de colza sur le marché
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Le groupe Avril a présenté le 20 avril en comité central d'entreprise extraordinaire un projet de réduction de ses activités d'estérification réalisées par sa filiale Saipol. Un projet qui couvre la période allant d'août à fin 2016. Il vise à adapter l'outil industriel à une chute considérable des commandes : 928 000 tonnes de biodiesel contre 1,5 million de tonnes l'an dernier à la même époque. Les cinq usines en France sont concernées : Bassens (33), Grand-Couronne (76), Le Mériot (10), Montoir-de-Bretagne (44) et Sète (34).
En amont, les contrats engagés dans le cadre de la démarche de progrès, qui couvrent 15 à 20 % de l'approvisionnement en graines des usines, ne sont pas impactés. Les achats non contractualisés de graines sur le marché intérieur ne devraient pas non plus pâtir de cette réduction des capacités d'estérification. La conséquence de la réduction de l'estérification va être une offre d'huile de colza très sensiblement supérieure, le biodiesel étant produit à partir d'huile. Saipol ayant la volonté de saturer ses outils de production, « il va falloir pousser ces volumes d'huile de colza sur le marché à l'exportation » résume Gérard Tubéry, président de la Fop.
Adaptation limitée à l'année 2016 ou amorce de virage pour cette industrie ? Les facteurs de fond ne sont pas favorables. La baisse du prix du pétrole et de la parité euro-dollar bouleversent des pans entiers des énergies renouvelables, dans un contexte de surcapacité de production en Europe. La concurrence de l'huile de palme destinée aux huiles végétales hydrotraitées (HVO) touche directement le marché des graines. La menace de reconversion du site du groupe Total de la Mède au printemps 2017, dont la production passerait de 20 000 t à 500 000 tonnes d'HVO pourrait ainsi affaiblir les capacités de trituration en France. Le groupe Avril et sa filiale Saipol réaffirment leur « détermination à poursuivre la production de biodiesel, énergie renouvelable contribuant à la transition énergétique, et à préserver et développer ce débouché pour les productions oléagineuses française. » Le défi du développement sera difficile à relever.