Sébastien Poncelet, Agritel, « Préparez-vous à un retour de la volatilité du prix du blé, dès septembre »
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En 15 jours, la tonne de blé a perdu plus de 7 €. Dans un contexte mondial où les stocks de blé sont attendus en baisse et où ceux de maïs restent incertains, le marché semble plus ouvert et plus porteur que l'an passé. Sébastien Poncelet, conseiller chez Agritel, prévoit même un retour de la volatilité des cours et ce, dès le mois de septembre avec, à la clé, de belles opportunités à saisir.
« Toutes les régions sont concernées. La récolte française est cette année, très précoce. Au 26 juillet, à peine 15 % des surfaces de blé étaient encore sur pied. Une situation qui dénote à l'échelle européenne car en Allemagne, en Angleterre et en Pologne par exemple, les fenêtres climatiques favorables pour récolter sont rares. En Allemagne, à peine 10 % des surfaces sont moissonnées. La persistance des pluies soulève de vives inquiétudes sur la qualité des blés à venir. Si une grosse partie doit être déclassée en blés fourragers, ils rentreront certes en concurrence avec les blés fourragers français mais laisseront également davantage de place aux blés meuniers français à l'export. D'autant que chez nous, la qualité est excellente. Nous devrions pouvoir nous positionner sur nos marchés traditionnels, voire aller en chercher d'autres.
L'offre Mer Noire ne pèse pas encore sur les cours
Chose étonnante de ce début de campagne : malgré une offre abondante en Mer Noire - la Roumanie, la Bulgarie, et la Russie affichent de nouveaux records -, les prix de cette origine ne chutent pas. Pourquoi ? Car la demande est là, notamment en provenance de l'Egypte. Le marché français, en recul depuis une quinzaine de jours, a quant à lui suivi le marché américain. Aujourd'hui, on a un prix du blé français « presque » au niveau de celui de la mer Noire. Une réalité qui nous permet de nous positionner sur le marché mondial même si la concurrence est réelle.
Pour l'heure, force est de constater qu'il n'y a pas de vraie pression de la récolte, car tous les opérateurs attendent de voir ce que va donner la moisson des blés tardifs : blés de printemps américains, blés canadiens et australiens qui subissent tous un important déficit hydrique. Ces interrogations sur les volumes à venir pourraient peser sur le niveau des stocks mondiaux de blé, attendus en baisse, et donc, animer les cours dès le mois de septembre.
Un marché plus ouvert
A l'échelle mondiale, les stocks de maïs pourraient, eux aussi, reculer. En Europe, la production devrait être inférieure à celle de l'an passé mais quid du principal acteur, les Etats-Unis ? Le niveau de la récolte aux US peut, lui aussi, être un facteur d'animation du marché. Le maïs étant la céréale la moins chère au monde, il joue chaque année le rôle de soupape de sécurité du blé. A mon sens, la volatilité devrait de nouveau être d'actualité à la rentrée. Un phénomène que nous avions oublié depuis 18 mois ! Notre conseil est de suivre les marchés, de rester actif, pour saisir d'éventuelles opportunités. Dès le mois de juin, nous annoncions que la campagne 2017/18 devrait être une année de transition entre lourdeur et tension. Cela se confirme.