Semis de céréales à paille : vite, la fin de la pluie !
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Si le manque d’eau a pénalisé les implantations de colza cet été, c’est désormais l’excès de précipitations qui retarde les agriculteurs dans leurs semis d’automne de céréales à paille. Dans son dernier rapport, Céréobs', le service d’observation de France AgriMer, estimait au 21 octobre l’avancement des semis de blé tendre à 29 % des surfaces prévues, contre 50 % un an plus tôt. Le constat est semblable pour les orges d’hiver, avec 50 % de surfaces emblavées, contre 61 % à la même période en 2018. L’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne sont les régions les moins avancées, avec moins de 5 % des surfaces semées en blé tendre et moins de 10 % pour les orges à cette date. Les distributeurs s’attendent globalement tous à une progression des surfaces des céréales à paille, principalement du fait du recul des implantations de colza.
Philippe Pluquet, responsable technique chez Noriap (Somme) - « La météo des prochains jours, décisive »
« Difficile d’estimer l’avancement des semis tant la pluie a compliqué les chantiers. Globalement, la date de semis sera plus tardive que la moyenne. Si en blé tendre, des variétés s’adaptent à un semis plus tardif, nous atteignons la date limite pour les orges d’hiver. La météo des prochains jours sera décisive. La pluie perturbe aussi les chantiers de désherbage pour les parcelles déjà semées. Les agriculteurs ne vont pas pouvoir intervenir contre les insectes alors que les vols de pucerons sont déjà bien présents malgré des températures plus faibles que la normale. En colza, les parcelles semées entre le 15 et le 23 août ont développé une belle végétation. Celles implantées plus tard sont plus hétérogènes. Elles n’ont levé que début octobre avec le retour des pluies et sont donc exposées aux altises. »
Mickael Mimeau, responsable technique chez Dijon Céréales (Côte d’Or) - « Une pression graminée plus faible avec les semis tardifs »
« Les surface de céréales à paille vont augmenter, principalement du fait du recul de la sole de colza. Une première vague de semis s’est déclenché aux alentours du 13 octobre, mais la pluie a ensuite perturbé les chantiers. La semaine dernière a été très calme. Habituellement aux alentours du 10 octobre, la date de semis va être retardée cette année. L’avantage, c’est que nous nous attendons à une pression graminée plus faible. Peu de désherbages ont été réalisés pour l’instant, la priorité est au semis. En colza, les intentions de semis ont reculé, alors qu’elles étaient déjà en repli de 30 % entre 2018 et 2019. Ceux semés avant le 10 août sont jolis, mais ceux implantés après le 15 s’avèrent très hétérogènes. Les agriculteurs retournent encore des parcelles du fait de la pression des grosses altises, qui s’étend sur notre territoire, notamment à l’Est. Les surfaces perdues seront probablement remplacées par du tournesol, du trèfle, de la luzerne ou encore du pois, mais rien n’est aussi performant économiquement et agronomiquement que le colza pour certaines régions. »
Baptiste Breton, directeur de la coopérative la Tricherie (Vienne) - « Le blé, la valeur sûre »
« Les précipitations baissent, mais nous attendons toujours la bonne fenêtre de tir pour semer. 15 à 20 % des surfaces de céréales à paille seulement sont semées. Nous sommes en retard, mais ce n’est pas encore trop inquiétant. Les surfaces de céréales à paille devraient progresser, du fait de la bonne récolte 2019, du recul des surfaces de colza et de la mauvaise récolte du maïs. Tout le monde se réfugie sur la valeur sûre que représente le blé. En colza, les surfaces reculent de 30 % par rapport à l’an dernier. Elles seront principalement remplacée par des céréales à paille et du tournesol. »