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Stéphane Heusele, AGPB, « Nous sommes en plein dans l’effet ciseau »

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Malgré de bons rendements lors de la récolte 2023, la situation économique des producteurs de blé n’est pas au beau fixe. La faute à des coûts de production qui ont explosé et des cours qui ne suivent pas. La problématique du désherbage, liée aux intempéries et au retrait de molécules, suscite également les inquiétudes, a rappelé l’AGPB, le 17 janvier 2024. 

Philippe Heusele, secrétaire général de l’AGPB. - © D.R.
Philippe Heusele, secrétaire général de l’AGPB. - © D.R.

« Économiquement, c’est plus que morose ! » Le secrétaire général de l’Association générale des producteurs de blé, Stéphane Heusele, a exprimé ses inquiétudes, lors de la présentation des vœux à la presse, le 17 janvier, quant à « l’effet ciseaux » que subirait la filière. « Nous sommes en plein dedans, assure-t-il. Les rendements sont là mais les cours n’y sont plus. La situation est très compliquée à gérer. » Selon l’AGPB, les prix du départ ferme du blé tendre sont désormais systématiquement inférieurs aux coûts de production. « Les coûts d’intermédiation ont flambé, notamment dans un contexte d’inflation », souligne-t-il.

500 000 hectares de blé tendre pourraient manquer

Une situation économique tendue à laquelle s’ajoutent des conditions climatiques difficiles, avec les fortes intempéries de ces dernières semaines. Certaines parcelles de blé n’ont ainsi pas pu être semées. Selon des estimations du ministère de l’Agriculture, au début du mois de décembre, 5 % des surfaces pourraient être concernées. Un chiffre qui serait en dessous de la réalité selon Éric Thirouin, le président de l’AGPB : « Il est difficile d’avoir une estimation précise, mais nous plaçons plutôt la fourchette entre 10 et 20 %. » En comptant les semis qui ne lèveront pas, compte tenu des conditions météorologiques médiocres, encore plus complexes à mesurer, l’AGPB considère que près de 500 000 hectares de blé tendre manqueront à l’appel. « Cela aura un impact sur le volume des récoltes, explique le président de l’AGPB. Se pose aussi la question de ce que nous allons cultiver sur ces surfaces. Les agriculteurs devraient se tourner vers le maïs ou l’orge de printemps. Le challenge sera de trouver suffisamment de semences. »

Des situations d’impasse pour le désherbage au printemps

Après la pluie, le beau temps. Mais le printemps pourrait aussi apporter son lot d’inquiétudes. En cause : les conditions automnales et hivernales de désherbage non optimales, conjuguées à un nombre de solutions en recul. « Aujourd’hui, en blé tendre, nous ne disposons que de solutions d’automne, rappelle Éric Thirouin. Nous nous attendons à une situation catastrophique au printemps, avec d’importantes infestations dans les champs qui auront levé. Nous savons que nous allons nous retrouver avec des impasses. »