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Sucre : Cristal Union tient le cap de l’indépendance

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« L'amour que nous porte le groupe Tereos n'est pas réciproque ». Le feuilleton des fiançailles ratées entre les deux poids lourds de la filière sucrière française semble bel et bien terminé si l'on en croit Olivier de Bohan, président de Cristal Union, qui s'exprimait devant la presse le 16 mars à la veille de l'assemblée générale de son groupe. Et d'enfoncer le clou : « une fusion se fait dans la confiance et l'honnêteté, on ne force pas les gens ». Le président de Cristal Union a aussi ironisé sur le soutien à peine voilé du ministre de l'Agriculture à cette fusion, qui a lancé à la mi-janvier une mission sur les perspectives d'après quotas dont les conclusions devraient être remises avant le 30 juin 2015.

Le quatrième transformateur de betteraves en Europe derrière les deux allemands Südzucker et Nordzucker et Tereos s'estime suffisamment armé pour résister, seul, à la libéralisation européenne du secteur sucrier en 2017. «  C'est même une opportunité pour nous », a affirmé Olivier de Bohan. « Nous avons le rendement sucrier le plus élevé en Europe, à 14,3 tonnes de sucre par hectare. Notre situation financière est très saine, avec une dette en nette baisse et notre Ebitda est meilleur que chez la majorité de nos concurrents », a ajouté Alain Commissaire, directeur général de Cristal Union.

Cristal Union vise le podium européen

Le chiffre d'affaires du groupe coopératif a atteint 1,815 milliard d'euros sur l'exercice 2013/2014 clos au 30 septembre, en recul de 7,3 %, mais qui constitue « la deuxième meilleure performance de l'histoire du groupe ». Son résultat net ressort à 119 M€, contre 216 M€ en 2012/2013 (- 45 %). Le groupe anticipe cependant deux prochains exercices « compliqués » avec des marchés toujours à la baisse qui devraient impacter les performances de tous les sucriers. Cristal Union estime pouvoir produire 20 % de sucre supplémentaire après la fin des quotas. Le groupe coopératif atteindrait ainsi 16 à 17 Mt de betteraves transformées contre 14 Mt actuellement. « Notre ambition est de décrocher la troisième place européenne du secteur », a souligné Alain Commissaire.


Tereos persiste et signe


Tereos ne semble pourtant pas avoir abandonné toute idée de mariage. Le premier sucrier français argue que son union avec Cristal Union permettrait de générer d'importantes synergies dans la logistique et les achats notamment et de se rapprocher du numéro un européen, Südzucker. Le groupe dirigé par Alexis Duval estime que près de 100 M€ au moins d'économies pourraient être dégagés à moyen terme. De quoi augmenter de 3 euros par tonne le prix payé aux planteurs, promet Tereos. Sur le terrain, les contacts ne sont pas coupés, notamment en Picardie ou dans la Marne, où les usines des deux coopératives sont voisines. Environ 1000 betteraviers sont communs aux deux groupes.