Tendance engrais - En prise directe sur l’international
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La campagne qui se termine marque une rupture sur le marché des engrais. La connexion avec le marché international, très tendu, et de plus en plus nette. Avec, en corollaire, des approvisionnements aléatoires et des prix qui flambent.
Du côté des relations avec les utilisateurs, « nous suivons les cours en permanence. Nous avons donc intégré progressivement les hausses. Ce qui n’est pas le cas des agriculteurs qui reviennent pour la nouvelle campagne ! », résume un distributeur.
Lissage des achats ou contingentement ?
Le mois de juin démarre dans une ambiance délétère. Le traditionnel round d’observation entre acheteurs de la distribution et fabricants n’est pas terminé. Le rapport de force semble définitivement positif pour les fournisseurs qui ont repris la main. Et les demandes de lissage des achats sur l’année par les fournisseurs est ressentie par les distributeurs comme une forme de contingentement. C.D.
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Photo Cc Yara
Certains distributeurs soulignent même que les zones autour des sites de fabrication sont privilégiées face à ceux plus excentrés, qui ne peuvent se fournir en formules spéciales, type engrais soufrés ou sulfonitrate.
L’analyse diffère du côté des fournisseurs, qui notent pour leur part la forte anticipation des achats par la distribution. Les chiffres des livraisons laissent en partie perplexes. En effet, à fin avril, des progressions de 20 % en ammonitrates 27 %, de 10 % en ammonitrates 33,5 % et de 5 % en ternaires sont avancées. Il faut certes compter avec la fin de la jachère, la progression de la sole blé et maïs (estimée en Bretagne à un transfert de l’ordre de 2 %) et à des apports plus importants à l’hectare (recherche de productivité accentuée par le lessivage ce printemps). Mais les utilisations ne seront sans doute pas à ces niveaux, ce qui laissent supposer des achats d’anticipation très conséquents. Un pari sur la prochaine campagne.
Vers un reflux de la demande en 2008-2009 ?
La plupart des opérateurs estiment que les volumes utilisés en France vont baisser sur 2008-2009. Moins en azote, indispensable, qu’en engrais P et K qui ont franchi allègrement des niveaux de prix inégalés. Les impasses risquent de devenir la règle dans les régions d’élevage.
Les agriculteurs vont être d’abord attentifs au prix de l’unité fertilisante, la forme passant au second plan. Les solutions alternatives aux engrais chimiques sont toutes explorées, mais trouvent aussi leurs limites : « avant, on donnait pratiquement les lisiers ou autres composts. Maintenant, les stations en sont à contingenter les livraisons mois par mois ».
L’énergie ne fait pas tout dans la hausse des prix, même si le gaz entre pour environ 75 % dans le coût de fabrication d’un ammonitrate ou de l’urée. Le retrait de la Chine du marché international de l’urée ce printemps (via des taxes à l’exportation dissuasives) a privé le marché international de quelque 5 millions de tonnes, faisant flamber les prix des azotés. Un chiffre à rapprocher de l’excédent sur le marché mondial, estimé à seulement 3 Mt par la FAO. Un élément positif, tout de même, le surplus entre offre et demande deevrait augmenter d’une manière très régulière, toujours selon la FAO, pour atteindre 15 Mt en 2011/2012.
Cotations au 5 juin, en euros par tonne, (dollar à 1,557), pour des quantités importantes.
Solution azotée, départ ports, 300 euros (origine russe, peu d’offres nationales), juin
Ammonitrates 33,5 %, 350 vrac franco magasin, juin ; 27 %, 280-290, vrac franco.
Urée, 480 départ ports du Sud-Ouest ; 510 magasins La Rochelle (origine Egypte).
DAP,900 euros
Potasse, franco Marne 548 tout début juin ; vrac direct de bord ports français,540 ; 560 origine russe. Hausse de 90 à 100 euros possible fin de l’été (1000 dollars marqués à l’international).