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Tendance engrais - L’ammonitrate aussi est volatil !

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C’était plutôt la valeur sure, permettant aux distributeurs d’adosser leur politique commerciale. La donne a été bouleversée début janvier, avec des cours divisés par plus de deux pour l’ammonitrate 33,5 %. Le marché des engrais est décidemment en perte de repères !

L’image est forte : un marché dans le plus épais brouillard, mais en plus avec des opérateurs évoluant en bord de falaise. Elle résume pourtant l’état d’esprit de plusieurs distributeurs en réaction à ce qu’ils appellent « les soldes de janvier » sur l’ammonitrate 33,5 %. Des prix de 200 euros ont en effet été proposés sur début janvier par Yara. Les quantités étaient sans doute limitées. Mais l’effet a été radical. Le marché s’est « stabilisé » autour de 300 euros fin janvier-début février. La volatilité des cours avait jusqu’à présent épargné ce segment, habitué à des approches plus lissées sur la campagne. Le différentiel était certes considérable avec les autres engrais azotés, en chute libre fin 2008. « Mais les efforts consentis dans les investissements stockage notamment pour le 33,5 % supposent que l’on puisse gérer autrement qu’à vue ce marché », s’exclame un intervenant. D’un choc à l’autre, les acteurs du marché vont sans doute revoir leurs positionnements et définir de nouvelles règles. C. Deger

Cotations et suite de l’analyse ci-après

Du côté des fondamentaux, la situation reste également difficile à cerner. Les achats anticipés sur le deuxième semestre 2008, et malgré des transactions très en retrait sur les deux derniers mois de l’année (voir nos précédentes tendances), permettent d’estimer les engagements de la distribution et des agriculteurs à 70 % des besoins, soit en phase avec ce qui est observé en moyenne. La chute de la valeur des stocks consécutive à celle des cours déstabilise les opérateurs. « Ca va faire très mal au niveau des marges cette année » indique un distributeur. Quant au premier apport d’azote, il est pour l’instant difficile à estimer. Les mesures de reliquat azotés sont en cours, le beau temps se fait attendre et les cours des céréales sont dans le flou. Les quinze jours qui viennent devraient tout de même permettre d’y voir plus clair.

Dans le Sud-Ouest, dont plusieurs infrastructures de stockage ou de mélanges d’engrais ont fait les frais de la tempête du weed-end dernier, les interrogations portent sur l’ampleur des surfaces non plantées en céréales d’automne et le report possible sur les cultures de printemps. « Dans certains zones, ce sont 10 à 30 % des blés qui n’ont pas pu être semés. Mais de là à sortir une moyenne par département… », note un opérateur. Avant de poursuivre concernant l’attentisme des agriculteurs, « ils vont tout de même devoir prendre position. On ne pourra pas livrer tout le monde en cinq jours ! ». La pratique des prix moyens a été réactivée par des distributeurs, sans pour autant apporter une réponse définitive au climat d’incertitude dominant.

Le marché des binaires ou ternaires est amorphe, avec des cours difficiles à cerner et une offre qui commence tout juste à se remettre en route après des fermetures prolongées.

Les cotations au 29 janvier 2009 (prix en euros par tonne pour des quantités importantes, stade distribution - dollar à 1,2877 euro)

Solutions azotées : janvier, départ port, 195-193 sur Rouen (inchangé sur décembre).

Ammonitrates : vrac franco magasin de la distribution, 33,5 %, 300 euros, fin janvier-début février ; en 27 %, janvier, 250.

Urée : VDB ports de l’Atlantique, janvier, 250-260 (pour mémoire, début septembre, 620 euros, novembre, 330).

Phosphatés : en VDB ports Atlantiques, décembre, TSP, incotés (580-600 en décembre) ; DAP, 360 (400 mi-décembre).

Potasse : franco camion de la distribution, inchangé, prix vendeur, janvier, 630 ; VDB, 610.

Engrais composés, ternaires, 3 x 15, autour de 420 départ Nord France.