Tendance engrais : prix en baisse, tension en hausse
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Le deuxième apport d’azote s’engage, et les stocks en distribution et chez les agriculteurs commencent à s’alléger. L’ambiance n’en demeure pas moins lourde du fait de la chute des prix en cours de campagne. La tension se concentre aujourd’hui sur le terrain, avec des offres de francs tireurs à des niveaux très bas. En attendant que se négocie la morte saison qui s’annonce aussi tardive que âpre avec les fournisseurs…
Le retard observé dans les apports d’engrais azotés d’une quinzaine de jours demeure, mais l’activité tend à dégonfler les stocks et à assainir, au moins en apparence, le marché. L’année devrait se situer au mieux dans la moyenne au niveau des quantités utilisées en engrais azotés. « Les agriculteurs n’ont jamais fait autant d’analyses de reliquats », observe un distributeur. Les niveaux de prix vont contribuer à des apports au plus juste (un argument qui vaut bien tous les Grenelle de l’environnement…). Les choses sont claires, à l’inverse, en P et K, où l’on s’achemine vers un bilan historiquement bas. Les fabricants d’engrais composés doivent ajuster en permanence à la baisse leur production. Le groupe Roullier fait ainsi tourner ses sept usines en France à moitié de leurs capacités. C.D.
Les prix confirment le mouvement baissier amorcé fin 2008 et début 2009 pour les ammonitrates. Les transactions restent limitées, y compris sur les ports, les stocks étant encore suffisants. La présence d’opérateurs, dont certains n’étaient pas intervenus sur le marché depuis des années, qui proposent des azotés à des prix bas, n’est pas pour simplifier le travail des équipes terrain de la distribution. « Nous mettrons tout en œuvre pour que le prix moyen soit tout à fait acceptable compte tenu des fluctuations erratiques du marché, indique un directeur de coopérative de l’Est. Pour le prix ferme, on évolue sur de l’irrationnel ». Et de dénoncer les visions à court terme, comme celle de ce courtier qui fait des offres à prix très bas sur le marché français pour mieux négocier quelques achats à l’international.
Et la prochaine campagne ? Tous les efforts vont tendre vers une réduction des risques. L’addition liée à la dépréciation des stocks va être en effet très lourde. Réduire les risques, c’est d’abord réduire les délais entre achat et vente, soit intervenir davantage sur du disponible pour les produits importés, (phosphatés, urée, solutions). En potasse, les cours actuels seront difficiles à tenir, compte tenu de la lourdeur des stocks mondiaux (la Russie a baissé ses prix d’offres de 25 % ; Potasch Corp annonce des arrêts d’exploitation en avril-mai de ses mines canadiennes pour limiter les stocks). Pour les engrais P et K, les stocks de report vont être élevés, limitant d’autant les besoins de réappro.
Pour les ammonitrates, les règles du jeu vont probablement changer. « On ne peut pas parler de négociation, mais d’arrangement, analyse un acheteur de centrale. Soit les distributeurs et les fournisseurs se retrouvent et définissent ensemble une méthode pour lisser les risques ; soit ce n’est pas le cas, et alors il ne faudra pas s’attendre à des achats de morte-saison ». L’absence d’outils d’arbitrage pèse sur un marché composé d’une juxtapositions de produits très différents, parfois matières premières, plus souvent sous-produits de la chimie ou de l’énergie.
Les cotations au 20 mars 2009
Prix en euros par tonne pour des quantités importantes, stade distribution. Euro à 1,3687 dollar ; entre parenthèses cours relevés le 29 février
Solutions azotées : mars, 174, départ port, sur Rouen (178) ; Gand, 177 (180-181).
Ammonitrates : vrac franco magasin de la distribution, 33,5 %, mars, maxi 300 (300-305) ; en 27 %, mars, autour de 240, sur Gand.
Urée : granulée, VDB La Pallice, mars, 280 (270 fin février, 290 début mars).
Phosphatés : en VDB ports Atlantiques, TSP, 280 (350) ; DAP, 350 (350)
Potasse : franco camion de la distribution, mars, 620 (630) ; VDB, 605 (610).
Engrais composés, franco magasin de la distribution, base 3 x 15, valeur indicative, autour de 420.