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Tendance engrais : recul des prix et des volumes

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Les ventes d’engrais azotés sur la campagne devraient être en baisse et les P et K, continuer leur chute libre. Le tout avec des prix à nouveau en forte baisse, à l’exception notable de la potasse. La campagne à venir va voir s’affermir les politiques commerciales, avec pour objectif de limiter l’impact de la volatilité des cours, en répartissant les risques entre les différents acteurs.

Les apports d’azote en culture ont repris un rythme actif en mars et avril. Du coup, les stocks seront pratiquement nuls chez les agriculteurs. Constat identique du côté des distributeurs en urée et solutions. A l’inverse, certains risquent de disposer de stocks d’ammonitrates en report (mais aussi de phosphates et de potasse… en simples ou en composés). Les stocks restent lourds en ammonitrates et composés au stade des fabricants, chez qui les arrêts techniques se sont multipliés. C.D.

Globalement, les volumes d’azotes utilisés sont estimés stables sur grandes cultures, en légère baisse sur maïs et en recul de 10 à 15 % sur prairies. Ainsi, dans l’Ouest les éleveurs ont été nombreux à faire l’impasse. Si les achats d’urée et de solutions y restent marginaux (4 000 t chacun), ils n’en ont pas moins doublé. A rapprocher, cependant, de l’ammonitrate qui représenterait cette campagne dans les 120 000 tonnes sur cette région.

Au niveau national, le recul des azotés, en incluant ceux entrant dans les engrais composés, pourrait se situer entre 7 et 10 %.

En engrais P et K, les ventes évoluent selon les régions (et les périodes d’approvisionnement l’an dernier) entre moins 30 et moins 70 %. Les prix de la potasse, jugés incompréhensibles par les utilisateurs, laissent augurer une chute des volumes sur 2009-2010 si ils restent à ces niveaux. D’autant que les prix des céréales sont loin d’égaler ceux de la campagne dernière : « les agriculteurs vont attendre la récolte pour se positionner, y compris sur les azotés », notent plusieurs observateurs.

« Ceux qui, faute de stockage ou de trésorerie, ne se sont pas couverts en morte-saison 2008 feront une bonne campagne engrais, souligne un redistributeur de la façade atlantique. Les autres ont dû absorber la baisse vertigineuse des cours, ce qui risque de coûter très cher ». Les stratégies de mise en marché, divergentes selon les organismes, ont conduit à des écarts de prix colossaux, contribuant à déstabiliser les agriculteurs. Ainsi, dans l’Est de la France, ont pu être observées des offres en solutions azotées rendu agriculteur entre 200 et 330 euros au même moment. « Les distributeurs, souvent en fonction de leurs stocks, ont opté pour des approches complètement différentes. Nous ne sommes pas très loin des ports du Nord. Si on n’est pas au marché, on tombe », résume un distributeur.

Les politiques commerciales s’orientent majoritairement vers la proposition de deux options aux agriculteurs : prix moyen de campagne assorti de périodes de décisions courtes ou prix spot. Concernant la relation avec les fournisseurs, la baisse des cours devrait permettre aux acheteurs de prendre position un peu plus facilement. Mais le marché reste globalement réticent. « Un tabou est tombé l’an dernier analyse un acheteur, avec la fin d’un cours qui évoluait assez régulièrement sur les ammonitrates, permettant, globalement, d’assurer la rémunération des stocks engagés par les distributeurs ».

Les règles du jeu restent à redéfinir. Particulièrement entre les différentes formulations d’azote. « Nous n’achèterons que ce que nous vendrons », affirme un important acheteur sur l’Ouest. « Les fournisseurs européens devront être très convaincants s’ls veulent que nous anticipions nos achats », ironise un autre, dans le Sud-Ouest… Un autre, plus sérieusement, s’interroge sur la capacité de faire front et de bloquer les achats européens. Les discussions vont être rudes pour la prochaine campagne.

Les cotations au 23 avril 2009

Prix en euros par tonne pour des quantités importantes, stade distribution. Euro à 1,3007 dollar (entre parenthèses, cours relevés le 20 mars).

Solutions azotées : départ port, sur Rouen, avril, 158-156, (mars, 174) ; port du Nord, 156 (177).

Ammonitrates : vrac franco magasin de la distribution, 33,5 %, avril, 205-210 (300).

Urée : granulée, VDB La Pallice, 248 fin avril, 237 mi-mai (280).

Phosphatés : TSP, 290-300 départ vrac port de l’Ouest (280) ; DAP, 338-336 VDB Bordeaux (350)

Potasse : franco camion de la distribution, avril, 600 (620) ; VDB, 590 (605), sans affaires.

Engrais composés, non côtés.