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Tendance phyto - La sécheresse impacte sur les ventes de fongicides, stimule celles des insecticides

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Le marché des produits phytopharmaceutiques, qui s’avérait relativement stable depuis le début de la campagne, est désormais impacté par la sécheresse. Sur l’ensemble du territoire, une moindre utilisation de fongicides et une augmentation de celle d’insecticides et d’herbicides se fait nettement sentir.

« Nous nous attendons au retour de nombreux fongicides, précise Michel Travers, responsable du service technique, développement et approvisionnement à la coopérative de Puiseaux (Loiret). Car si les premiers passages ont été réalisés tant sur blé que sur orge, les deuxièmes, en revanche, ne sont faits qu’à 70 % sur blé et à 40 % sur orge ». Jean Colas, directeur commercial du pôle végétal de Terres du Sud (Lot-et-Garonne), estime qu’en fin de saison, les ventes de produits, tout marché confondu, enregistreront une baisse de 6 ou 8 %, « voire davantage si la sécheresse perdure ». Gaëlle Gaudin

« Sur les cultures pérennes, vigne et arboriculture, nous estimons qu’il y aura sur la campagne de 15 à 20 % d’investissement en moins, précise Jean Colas. Contre la tavelure, par exemple, les producteurs ont pu rester 20 jours sans traiter, contre six jours habituellement. Sur les fongicides céréales à paille, nous observons une baisse de 40 % des deuxièmes traitements. Et si les conditions climatiques ne changent pas et que les blés dessèchent sur pied, les producteurs n’investiront pas ». Dans l’Oise, Xavier Verhaegue, responsable commercial chez Agora, estime quant à lui que les deuxième et troisième traitements fongicides n’ont respectivement été réalisés qu’à hauteur de un sur deux et un sur trois.

La sécheresse, en revanche, a favorisé les populations d’insectes. « Tordeuses, criocères, cécidomyies sont arrivées en force et ont conduit les producteurs à traiter à 80 %, contre 50 % d’ordinaire, précise Michel Travers. Les pucerons sur feuilles que nous observons actuellement pourraient par ailleurs conduire au renouvellement des traitements. » Jean Colas et Xavier Verhaegue font le même constat : les ventes d’insecticides pourraient augmenter de 10 à 20 %.

Côté herbicides, les ventes devraient également grimper. Notamment sur betteraves, sur lesquelles les produits racinaires ont mal fonctionné. « Les producteurs ont dû réaliser entre 3 et 4 passages, au lieu de 2 ou 3 », précise Michel Travers. Un nombre de passages qui, dans l’Oise, a pu s’élever à 5 ou 6.

Dans le Sud, ce sont les herbicides de pré-levée sur les cultures de printemps qui ont mal fonctionné : « Un hectare sur trois de tournesol a dû être retraité, note Jean Colas. Et les cultures sont encore sales ! ».