Un œil sur la plaine
Le
Le printemps approche et les premières interventions fongicides se préparent. Les maladies se font pour l’heure discrètes : le froid de l’hiver ayant freiné leur développement. Celui des cultures également puisqu’à ce jour, les blés accusent une quinzaine de jours de retard. A n’en pas douter, le climat des prochaines semaines sera décisif pour que s’expriment ou non les maladies.
Blés : 15 jours de retard et peu de maladies
Maladies des céréales : comment faire baisser la pression
Plus que jamais, le raisonnement des interventions fongicides s’impose
Photo : la pression des maladies s’annonce plutôt moindre, mais ce sont les semaines à venir qui seront déterminantes.
Blés : 15 jours de retard et peu de maladie
Les gelées de cet hiver ayant été progressives, les blés ont eu le temps de s’endurcir avant le coup de froid du mois de janvier. Même si les dégâts ont été limités, il est à noter un certain retard des cultures, d’une quinzaine de jours environ. Le stade épi 1 cm devrait ainsi être atteint autour du 15 mars dans les situations les plus précoces : fin mars-début avril dans les grandes régions céréalières. Côté maladies, les conditions froides auront certainement limité le développement des rouilles et le nombre de cycle du piétin-verse. Quant au reste du cortège des maladies, ce sont les conditions climatiques de mars et d’avril qui dicteront le niveau de pression. Même si les premiers symptômes de septoriose et d’helminthosporiose peuvent être observés ici et là, pas d’affolement. Car là encore, c’est le climat des prochaines semaines qui sera déterminant.
Dans les secteurs touchés par la mouche grise et plus particulièrement dans les terres blanches, le roulage du sol permet de limiter significativement la mobilité des larves et donc, les dégâts. Dans l’Oise par exemple, la rouille jaune n’est pas observée. La rigueur de l’hiver a pu freiner le cycle de la maladie sans toutefois la détruire. A.G.
Maladies des céréales : comment faire baisser la pression
Le printemps n’est plus très loin. Si un climat doux et humide s’installe, il faudra être vigilant au risque de développement des maladies sur céréales. L’efficacité de la lutte impose d’utiliser des produits performants et correctement positionnés.
Sur blé, sa fréquence associée à sa forte nuisibilité font de la septoriose la cible numéro 1 de la lutte fongicide. La rouille, maladie également très nuisible, est plus épisodique. Elle apparaît surtout en fin de cycle quand les températures sont chaudes, surtout sur les variétés sensibles. L'oïdium avec une nuisibilité nettement inférieure vient en troisième position par ordre d’importance de risque. Sa fréquence est pratiquement du même ordre que la rouille (5 années sur 10). Le piétin verse et la fusariose sur épi ont des fréquences d’apparition et des potentiels de nuisibilité plus faibles. Ces maladies agissent plutôt en termes de qualité de récolte : la verse provoquée par le piétin verse et la qualité sanitaire des grains due à la présence de fusarium. Au-delà du climat, ces maladies sont étroitement liées aux techniques culturales : précédent à risque et variété sensible.
Sur orge, l’helminthosporiose est pratiquement dominante chaque année. La rynchosporiose refait son apparition avec les printemps relativement froids. La rouille naine est également observée avec des niveaux variables. L'oïdium est rarement présente en quantité importante.
Selon la sensibilité des variétés et la pression des maladies attendues, de 1 à 3 applications fongicides sont recommandées. Les programmes mériteront d’être ajustés en cours de campagne, si l’observation ou les outils d’évaluation du risque le justifient. Le point commun à toutes les stratégies de lutte fongicide est de privilégier les associations en programme, d’alterner les molécules utilisées et de n’utiliser qu’une seule fois une même matière active par parcelle et par saison. Ces précautions techniques n’ont qu’un seul objectif : limiter le développement de souches résistantes et préserver l’efficacité des matières actives disponibles.
À l’heure où les préoccupations environnementales sont omniprésentes, il convient de rappeler que d’autres leviers existent pour limiter le développement des maladies au-delà du choix de variétés peu sensibles, des rotations diversifiées, l’enfouissement des pailles, le respect de la date et de la densité de semis ou un pilotage serré de la fertilisation azotée. Cependant, aucun de ces moyens de prophylaxie ne permet d’occulter aujourd’hui totalement les interventions fongicides contre les maladies du blé tendre. En 2008, la pression fongicide s’était avérée particulièrement élevée. « La réponse à l’utilisation des fongicides approchait en moyenne les 30 q/ha sur blé tendre », souligne Claude Maumené, spécialiste fongicide chez Arvalis. Elle a traduit surtout la forte intensité de la septoriose et les dégâts occasionnés par la fusariose de l’épi.
A noter que le dernier-né des OAD (outils d’aide à la décision) d’Arvalis, Septo-LIS, simule chaque jour l’évolution des contaminations de septoriose en tenant compte de la variété, de la date de semis et du climat. L’outil, qui s’appuie sur 12 ans d’essais, quantifie l’évolution de la contamination avant même que les symptômes ne s’expriment. Il est destiné aux services techniques de coopératives, négoces ou chambres d’agriculture, et leur permet de cibler leurs actions d’observation et de conseil aux agriculteurs.Y.R.
Plus que jamais, le raisonnement des interventions fongicides s’impose
Pour BASF, le contexte économique actuel avec en particulier la volatilité des cours et la hausse du coût des intrants, amènent l’ensemble des acteurs de la filière céréale à ajuster encore plus le raisonnement de la protection fongicide. Quatre facteurs clés sont à prendre en compte : le potentiel de la parcelle, la nuisibilité maladies attendue, la sensibilité variétale et le prix des céréales estimé pour la récolte en cours. BASF estime que pour « un euro investi dans la protection fongicide, le gain net pour le céréalier est de 5 euros ». Bien sûr il convient de garder un œil sur le complexe parasitaire de l’année et sur l’importance de chaque maladie. A.G.