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Usipa, besoin de reprise économique rapide pour les amidonniers

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Pour les adhérents de l’Usipa, l’Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés, il est encore trop tôt pour se projeter dans le « monde d’après », même si les entreprises sont résilientes. Leur présidente, Marie-Laure Empinet, alerte notamment sur les surcoûts liés à la gestion de la crise Covid, le manque de lisibilité des marchés, principalement à l’export, et la faiblesse du plan de relance concernant l’innovation en protéines végétales.

Usipa, besoin de reprise économique rapide pour les amidonniers
Usipa, besoin de reprise économique rapide pour les amidonniers

Comment se prépare l’après-crise covid 19 pour les fabricants d’ingrédients et les amidonniers adhérents de l’Usipa ?  La recette pour retrouver de la croissance après une chute des mises en œuvre, en juin 2020, n’est pas encore complètement calée. Des données restent inconnues comme la dynamique de reprise des marchés clients, dont 75 % sont à l’exportation. Le secteur agroalimentaire français a, de plus, perdu 22 % de son chiffre d’affaires entre mai 2019 et mai 2020.
Si du côté des adhérents de l’Usipa, aucune interruption dans le processus de production n’a été enregistrée, la situation reste, quatre mois après le confinement, préoccupante : « La crise, nous sommes encore dedans ! », a averti Marie-Laure Empinet, présidente de l’Usipa, lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 30 septembre en amont de l’Assemblée générale de l’interprofession. « Nous avons dû revoir nos méthodes de production, travailler autrement avec SNCF Réseau, poursuit-elle. De fait, selon les secteurs, des surcoûts peuvent monter jusqu’à 20 %. »

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la perte de chiffre d’affaires de l’agroalimentaire français pendant la crise

« La crise, nous sommes encore dedans ! »

Usipa, besoin de reprise économique rapide pour les amidonniers - © D.R.
Usipa, besoin de reprise économique rapide pour les amidonniers - © D.R.

Marie-Laure Empinet

Présidente de l’Usipa

Plan de relance attendu

Le besoin de reprise économique rapide pour les amidonniers et fabricants d’ingrédients est d’autant plus prégnant qu’ils font partie des acteurs stratégiques de la nation. Ils fournissent le secteur sanitaire et hospitalier, l’alimentation spécialisée, l’alimentation du quotidien. « La symbolique Maïzena n-a-t-elle pas enregistré une hausse de 123 % pendant le confinement », a relevé Thomas Gauthier, délégué général. Le plan de relance les concerne. Il propose notamment une stratégie nationale des protéines végétales, un plan de soutien au fret ferroviaire ou encore un programme d’investissement dans les technologies vertes et le biosourcé. Si les amidonniers saluent l’initiative de l’exécutif, ils attendent d’avoir plus de visibilité concernant les conditions pour y accéder. La plupart des actions se concrétiseront au fur et à mesure de la publication des cahiers des charges des appels à projets, encore largement inconnus à ce jour.

Soutien à l’innovation pour les protéines végétales insuffisant

Points néanmoins soulevés par le plan : l’enveloppe de 100 M€ pour soutenir l’innovation en protéines végétales manque d’envergure. « C’est bien peu pour l’ensemble des opérateurs au regard de l’enjeu écologique et nutritionnel, a souligné Thomas Gauthier. Il la compare à celle de 1,2 Md d’euros attribuée à l’ensemble de l’agriculture : « Ce qui correspond à moins de 10 % de la somme ».  Les industriels s’inquiètent aussi de la durée de vie du tissu ferroviaire dit « fin » au sein du territoire car, « 50 % des matières agricoles sont livrées par le train ». 590 km de voies ont une pérennité de moins de 5 ans, et 397 km de moins de 2 ans. « L’investissement pour préserver le raccordement des usines au réseau ferré doit être une priorité », insiste Thomas Gauthier. Question de cohérence face aux enjeux écologiques et de changement climatique ! Marie-Laure Empinet rappelle que « L’amidonnerie est déjà largement engagée dans la transition environnementale : avec l’utilisation de matières agricoles renouvelables, nous nous rapprochons du zéro déchet ! ».  La consommation d’énergie a été réduite de -20 % depuis 13 ans ainsi que les émissions de CO2 en privilégiant le fret ferroviaire pour les approvisionnements.

Chiffres clés :

  • L’amidonnerie française est la première en Europe
  • 3,1 Mt d’amidon ont été produites en France en 2019 : 18 % de l’amidon provient du blé, 30 % du maïs, 30 % des pommes de terre, le solde de l’amidon de pois.
  • 15 900 emplois en France dont 5 300 emplois directs
  • L’activité de plus de 15 000 exploitations de « grandes cultures » soit 650 000 ha
  • Un chiffre d’affaires 2019 dépassant les 3,1 Mds €, dont : 2 Mds d’euros pour les produits amylacés - (source PRODCOM)
  • 75 % du chiffre d’affaires réalisé à l’export dont l’Union Européenne : 50,5 % - PaysTiers : 24,8 %

Tendances marché, amidon stable et hausse des usages en gluten

Des tendances se dessinent depuis 2012 et caractérisent les marchés en 2019. La production totale d’amidon est stable depuis 10 ans et se situe à 3,1 Mt. Le marché amidonnier non alimentaire représente 49 % du volume, avec une évolution de ses débouchés : davantage de digital signifie moins de papier, lequel capte néanmoins 42 % de ce segment. En parallèle, les besoins en carton ondulés, dans l’industrie pharmaceutique s’accroissent. En alimentaire, les marchés de la confiserie, chocolaterie et des crèmes glacées captent 38 % des volumes.

En 7 ans, le mix vente est caractérisé par une multiplication du chiffre d’affaires des maltodextrines et du gluten, le replis de celui en glucose dans ces mêmes proportions.

Côté perspectives, la hausse de la demande en protéines végétales laisse présager une montée en puissance de ce marché, si l’innovation est au rendez-vous.