Vache folle : un éleveur assigne Terrena en justice
Le
La procédure a débuté il y a 4 ans. L’affaire sera jugée au tribunal de grande instance de Nantes le 17 décembre. Avant cette date, Terrena ne souhaite pas faire de commentaires. L’éleveur, Paul Vieille, installé à Mouchamps, dans le bocage vendéen, raconte. « En 2000, suite à la découverte d’un cas d’ESB, mes 35 vaches ont été abattues. Aujourd’hui encore, la vache folle reste la référence en matière de crise sanitaire et curieusement, il reste beaucoup de zones d’ombre.
Je suis convaincu que les coopératives n’ont pas sciemment fraudé. Mais les experts auprès desquels j’ai constitué un épais dossier l’ont prouvé : l’aliment distribué à nos animaux n’était ni sain, ni loyal, ni marchand. Or, le fournisseur doit être garant de ce qu’il vend : en l’occurrence des granulés d’élevage et du lait en poudre. A lui de reconnaître qu’il s’est, à un moment ou à un autre, trompé ». A.G.
Photo : Paul Vieille, éleveur en Vendée.
« Dès 1995, époque de la contamination, les connaissances scientifiques étaient telles que les fabricants auraient dû se méfier des produits d’équarrissage. Certains l’ont fait : d’autres pas. Mais loin de moi l’idée de focaliser sur Terrena d’autant qu’à l’époque, il s’agissait de la Caval. A l’échelle nationale, bien d’autres structures - fabricants et fournisseurs d’aliments - devraient aussi se remettre en cause. Car à mon sens, toutes les leçons de cette histoire n’ont pas encore été tirées ».
Paul Vieille n’est pas aigri et ne court pas après les indemnités : même s’il reconnait que celles versées par l’Etat suite à l’abattage de son troupeau n’ont pas été suffisantes. Aujourd’hui, 40 vaches composent son exploitation bio. Il fait de nouveau confiance à la coopération en adhérant à la Cavac mais conserve un œil critique. « L’objectif de ce procès est aussi d’inciter les agriculteurs à être plus critiques par rapport à tout ce qu’on leur vend, qu’on leur conseille. Pour avancer, il ne faut pas hésiter à se remettre en cause ».