Viande de cheval : Spanghero, montrée du doigt
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Les professionnels de la filière viande se réuniront le 19 février au ministère de l'Agriculture pour « voir comment améliorer les contrôles qualité, la traçabilité et l'information des consommateurs ». L'annonce en a été faite le 14 février par les ministres de l'Agriculture, du Commerce et de l'Agroalimentaire, mobilisés pour rendre compte des premiers éléments de l'enquête menée par la DGCCRF dans le cadre de l'affaire de la viande hachée de cheval. Ils sont pratiquement sans appel pour la société Spanghero, filiale de Lur Berri (64). L'agrément a été suspendu et pourrait être retiré définitivement à l'issue de contrôles de la brigade vétérinaire. L'entreprise aurait revendu comme viande de bœuf quelque 550 tonnes de viande de cheval roumaine, qui ont transité par un trader néerlandais basé à Chypre, trader déjà condamné pour un trafic du même genre. 200 autres tonnes ont été transformées par Spanghero et revendues sous sa marque. Le gain, compte tenu de l'écart de prix entre les deux types de viande et des six mois déjà contrôlés, a été estimé par Benoît Hamon, à 550 000 euros. C.D.
Photo : Conférence de presse du 14 avril, à Bercy. Benoit Hamon présente un bordereau type avec la mention BF 90, pour « morceau avant désossé ». Il est entouré de Stéphane Le Foll et de Guillaume Garot.
Les abattoirs roumains ne semblent pas en cause, la viande étant correctement identifiée. L'intermédiaire chypriote/néerlandais semble le premier maillon du trafic, Spanghero assurant le changement d'étiquette de BF origine roumaine (signifiant viande désossée) en BF d'origine UE, induisant bœuf d'origine européenne. Tout ré-étiquetage est interdit. Le code de livraison correspondrait lui à de la viande de cheval. Reste à établir ensuite la responsabilité de Comigel, le fabricant de plats cuisinés destinataire des 550 tonnes de viande. Mais on imagine mal des professionnels ne pas faire la différence de couleur, texture et odeur entre les viandes de bœuf et de cheval…
Une enquête va être ouverte par le Parquet de Paris. D'autres sont engagées aux Pays-Bas, au Luxembourg… Elles seront coordonnées par Europol. A moyen terme, d'autres mesures devront être mises en place : sur l'étiquetage des viandes (l'accélération d'un rapport européen sur cette question) ; sur l'extension des normes ou la mise en place d'un agrément pour les traders. Benoit Hamon s'est interrogé sur l'adéquation entre les sanctions en cas de « délit de tromperie sur la nature et l'origine d'un produit », peu en phase avec l'ampleur prise désormais par toute crise alimentaire. Spanghero, par la voix de son président, a opté le 15 février pour plaider non coupable, accusant Benoit Hamon de « légèreté » dans ses accusations.