Vin : « Objectif zéro pesticide », Christophe Riou, directeur adjoint de l’IFV
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Référence agro : Comment réduire l’utilisation des pesticides en viticulture ?
Christophe Riou : Alors que les résidus de produits phytosanitaires sont très en deçà des limites maximales autorisées, LMR, dans le vin, le consommateur est intransigeant et demande le zéro pesticide. C’est ce vers quoi la filière viticole doit aller ! Pour cela, la création de variétés résistantes aux maladies sera un des leviers les plus efficaces. L'Institut national de la recherche agronomique, Inra, a d’ailleurs annoncé le 24 janvier l’inscription au catalogue de quatre variétés dotées de résistances naturelles au mildiou et à l’oïdium. Toutefois, la sélection variétale est travail un de longue haleine. La maîtrise de la pulvérisation peut déjà aider à plus court terme à réduire facilement de moitié l’utilisation des pesticides et à assurer la protection de la santé des riverains. Le parc des pulvérisateurs doit donc se renouveler. Les solutions de biocontrôle, fondées sur des mécanismes naturels, sont par ailleurs de plus en plus nombreuses. Sans oublier les pratiques à la cave. Nous testons des fibres végétales à utiliser dans le process de filtration pour éliminer les résidus dans les vins.
R.A. : Plus globalement, c’est de sécurité sanitaire dont il est question…
C.R. : Oui, et cela ne concerne pas que les pesticides. En 2017, nous avons finalisé un guide des bonnes pratiques d’hygiène, sur lequel nous avons travaillé six ans, qui reprend l’ensemble de l’analyse de risque. Elle concerne les phytosanitaires, les allergènes, les métaux lourds. Au total, nous avons identifié 22 risques. Nous travaillons également sur la baisse des sulfites dans les vins. Nous expérimentons par exemple des systèmes de bioprotection par des micro-organismes pour baisser la teneur en sulfite dans le produit final.
R.A. : Vous n’avez toujours pas remis votre plan de filière au ministre de l’Agriculture, qui le réclamait avant le 15 décembre, dans le cadre des États généraux de l’alimentation. Pour quelles raisons ?
C.R. : La filière attend de l’État des engagements sur la consommation responsable. Elle craint une politique répressive, de prohibition, contre le vin à l’instar de la politique anti-tabac. Sans cet engagement à respecter la filière viticole, nous ne souhaitons pas avancer davantage dans une fausse démarche constructive.