W-SoLent : les résultats en demi-teinte du projet d’accompagnement des filières soja et lentille
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De 2020 à 2023, plusieurs acteurs des filières soja et lentille du Grand Ouest, coordonnés par Terres Inovia, ont travaillé les itinéraires techniques des deux cultures afin de sécuriser les productions, dans un contexte de demande croissante.
Financé par le Casdar (Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural) entre 2020 et 2023, W-SoLent est un projet piloté par Terres Inovia, accompagné de onze partenaires (sept chambres d’agriculture et quatre coopératives/négoces). « L’objectif du projet a été de travailler sur la sécurisation de la production de cultures de lentilles et de soja, en agriculture bio comme en conventionnel, dans le Grand Ouest (Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine, N.D.L.R.) », décrit Zoé Le Bihan, référente lentille, lin et oléagineux chez Terres Inovia, lors de la présentation des résultats, le 1er février 2024.
Des cultures associées à la lentille pas toujours adaptées
Côté lentille, priorité était mise sur le choix variétal et la gestion de l’enherbement, mais également la maîtrise de la verse et la gestion de la récolte. « Nous avons travaillé trois grandes thématiques : la première était sur les associations à des plantes campagnes pour complémenter ou remplacer le désherbage chimique ou mécanique ; la partie désherbage mécanique, en essayant d’évaluer la sélectivité des outils à différents stades de la culture ; la partie fauchage-andainage, et la gestion d’une lentille qui serait sali très tardivement », précise Zoé Le Bihan.
L’ensemble de ces thématiques a conduit à mettre en place dix-neuf essais, associant la lentille avec la cameline, le lin, l’orge de printemps, le blé tendre ou encore l’avoine nue. « Le premier constat est que ces cultures associées ne sont pas toujours adaptées, en tout cas nous n’arrivons pas à les faire pousser sur nos différents territoires », remarque l’ingénieure. En cause, notamment : des ravageurs qui limitent le peuplement de certaines associations, comme le lin, « toujours consommé par les altises ». Autre défaillance : les densités inadaptées aux terroirs à l’instar de la cameline, « moins développée en Bretagne du fait des conditions environnementales plus fraîches ».
Pour ne rien arranger, la pression des adventices s’est révélée hétérogène entre les années. « 2021 a été une année avec une très forte pression en adventices : chénopodes, chardons, renouées, note Zoé Le Bihan. Ce qu’on a constaté, et qui était une vraie surprise, c’est que l’association ne permet pas de faire baisser la pression, à l’exception de l’avoine (où une baisse de la biomasse est constatée dans 60 % des cas, N.D.L.R.) et de l’orge (90 % des cas). La verse, quant à elle, est limitée dans tous les cas de figure. Enfin, les rendements laissent entrevoir des disparités entre les associations : « Les modalités particulièrement bien implantées (avoine, blé) vont être davantage compétitrices, pour les autres, la lentille aura un rendement un peu plus marqué ».
Des manques « très importants » à la levée du soja
Pour le soja, ce sont 13 essais qui ont été développés entre 2020 et 2022, avec là aussi, trois thématiques au programme : le choix variétal, la réussite de l’implantation et la gestion de l’enherbement. L’objectif prôné par Cécile Le Gall, chargée d’étude chez Terres Inovia, est en effet « d’optimiser le peuplement pour contenir les adventices et maximiser la production ». Plusieurs types de semoirs (monograines, céréales), ainsi que plusieurs densités (de 30 à 95 plantes/m²) ont été testés. Première conclusion : la levée des plantes témoigne de manques très importants, entre 13 et 50 %, « avec une moyenne aux alentours de 30 % », constate Cécile Le Gall. La hauteur de première gousse, signe de récoltabilité du soja, ne semble pas augmenter avec une densité de plantation plus élevée, si ce n’est dans les classes de peuplement supérieures à 50 plantes/m² où le gain de hauteur est évalué « entre 1 et 1.5 cm ».
Le gain de rendement n’apparaît significatif que pour les peuplements supérieurs à 30 plantes/m², seuil au-dessus duquel ce gain passe de 11 à 44 %. Les gains vont croissant jusqu’à 50 plantes/m², avant de se stabiliser par la suite. Ce qui fait dire à Cécile Le Gall, en guise de recommandation : « Avec une perte moyenne de 30 %, il faudrait semer entre 60 et 70 grains/m² pour atteindre 40 à 50 pieds/m² levés ».