« Ces élections sont majeures pour les syndicats », F. Beaupère, Ch. d’agriculture Pays-de-la-Loire
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Les élections des chambres d’agriculture sont complexes, disputées et déterminantes pour l’avenir et le financement des syndicats agricoles. François Beaupère, président de la Chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire, éclaire les enjeux des élections à venir, des défis des listes d’électeurs aux critiques syndicales.
Comment se présentent les élections aux chambres d’agriculture ?
François Beaupère : Nous étions tous un peu inquiets dans l’attente de ce décret non publié. Or, c’est le déclenchement de toute la procédure des élections aux chambres, rythmée sur une période longue. Il était important que cette première étape soit bien établie dans les temps. Sinon, nous aurions pu devoir reporter les élections d’un mois pour élaborer les listes d’électeurs, une situation sans précédent. Actuellement, nous sommes en phase de création des listes d’électeurs. Il y a dix collèges pour 33 représentants. Le premier collège, celui des chefs exploitations agricoles, est assez simple grâce aux listes actualisées de la MSA. À l’inverse, certaines listes sont établies sur des bases plus anciennes, notamment celles des propriétaires fonciers qui doivent prouver leur statut. Ils doivent transmettre plusieurs justificatifs pour figurer sur cette liste.
Le collège 1 est le plus important en nombre, avec 18 élus sur les 33. C’est là qu’une forte bataille syndicale se joue, bien que cette bataille existe dans les autres collèges. Le syndicat qui arrive en tête dans ce collège obtient 50 % des places, plus la proportionnelle.
Il y a quand même eu des critiques sur le décret, de la part des syndicats. Pourquoi ?
François Beaupère : Leurs critiques sont quelque peu hors sujet avec les élections. Les résultats des élections chambres assurent un certain taux de financement par l’État du syndicalisme. Les syndicats espéraient une modification de ce financement, mais celle-ci n’a pas été incluse dans ce décret. Cette ligne a été écartée. Il y a quelques remontrances, mais cela ne perturbe pas le déroulement des élections. Toutefois, ces élections sont majeures pour les syndicats en termes de financement.
Dominique Chargé, président de La Coopérative Agricole, s’est dit inquiet pour la représentation des coopératives à cause de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires…
François Beaupère : C’est un point inquiétant, Dominique Chargé a raison. En effet, un élu ne pourrait pas siéger à la fois dans le bureau départemental d’une chambre et dans une coopérative, en raison de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires, puisque les chambres d’agriculture conseillent. Jusqu’à présent, nous avions une dérogation qui n’existe plus pour cette élection. Comment obtenir la meilleure information croisée sur tous ces sujets si nous ne sommes pas réunis dans une même assemblée ? C’est aussi le cas pour les agriculteurs prestataires en application de produits phytosanitaires. Il n’est déjà pas simple de mobiliser des agriculteurs pour des responsabilités agricoles, étant déjà très occupés. Il y a aussi les nouvelles générations où l’engagement n’est pas le même.
Comment cela s’annonce-t-il sur les Pays-de-la-Loire ?
François Beaupère : Il est difficile de prédire ce qui va se passer chez nous. Lors de la dernière élection en 2019, la Confédération Paysanne a gagné avec 2 voix d’avance en Loire-Atlantique. La FNSEA et les JA ont contesté une relance publicitaire de la Confédération paysanne dans les dernières 24 heures, interdite. Les agriculteurs de Loire-Atlantique ont revoté, et la FNSEA a gagné deux mois après. Cette histoire perturbe quelque peu les élections, mais il est très difficile de prévoir les résultats. Nous observons souvent l’expression de l’humeur politique des agriculteurs dans des moments de doute. En début d’année, ils ont montré leur contestation. Nous ne savons pas non plus comment le Gouvernement évoluera. Les élections sont loin d’être jouées d’avance.