Changement climatique, ClimatVeg teste des leviers d’adaptation pour les agriculteurs de l’Ouest
Face aux défis posés par le réchauffement climatique, le projet ClimatVeg a expérimenté des solutions d’adaptation de l’agriculture dans l’ouest de la France. Lancé en 2021 pour une durée de quatre ans, ce programme a permis de développer 24 actions de recherche et d’expérimentation afin d’accompagner les agriculteurs dans la transformation de leurs pratiques et de proposer des outils concrets.

Dans le cadre du projet ClimatVeg, 24 actions de recherche et d’expérimentation ont été mises en place pour faciliter la transition des systèmes agricoles dans l’ouest de la France. Le pôle de compétitivité Végépolys Valley a organisé, le 13 mars 2025, une journée de clôture de ce projet lancé en février 2021, pour une durée de quatre ans et avec un budget de 5,4 millions d’euros.
Ce programme s’est articulé autour de trois objectifs majeurs :
- Produire des connaissances sur les climats futurs (2040-2100) et leurs impacts sur les cultures du territoire ;
- Expérimenter des solutions innovantes basées sur le végétal, la couverture des sols et l’optimisation de la ressource en eau ;
- Fournir aux agriculteurs et décideurs des outils concrets pour accélérer leur transition.
La température de Bordeaux en Pays de la Loire
Les recherches menées par le laboratoire CNRS LETG (Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique) de l’Université de Rennes 2 montrent que la température actuelle de Bordeaux pourrait être dépassée en 2050, d’abord en Pays de la Loire, puis en Bretagne. D’ici la fin du siècle, la température de Nice pourrait être atteinte sur une large partie des Pays de la Loire et de la Bretagne, à l’exception du Finistère.
Ces projections ont été traduites en indicateurs agroclimatiques pour mesurer leurs effets sur l’agriculture de l’Ouest : précocité de la floraison, avancée des périodes de récolte, modification du calibre des fruits, allongement des cycles des ravageurs, etc.
L’objectif est d’anticiper ces évolutions climatiques et d’identifier, en collaboration avec les agriculteurs, des leviers d’adaptation pour différents systèmes de production.
ClimAléas, un outil de sensibilisation
Renforcer la résilience des filières végétales de l’Ouest.
Les partenaires du projet ont élaboré des fiches pédagogiques par filière et territoire, présentant les impacts du changement climatique sur les productions agricoles. En complément, ils ont développé ClimAléas, une plateforme qui synthétise ces informations et qui est accessible sur le site de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
« Avec les partenaires, nous avons concentré nos efforts sur la création d’outils de sensibilisation et de scénarios d’adaptation aux climats futurs, ainsi que sur des tests en laboratoire et en conditions réelles de solutions innovantes, afin de renforcer la résilience des filières végétales de l’Ouest. Face au défi climatique, il n’existe pas de solution unique, mais un ensemble de leviers à combiner », indique Flavie Delattre, présidente de Végépolys Valley.
Réussir les couverts végétaux, même pendant les sécheresses
Une première action s’est intéressée à l’intégration de couverts végétaux dans les systèmes de polyculture-élevage. Elle visait à identifier les conditions de réussite des différentes stratégies de couverture des sols en interculture. L’objectif était double : garantir un développement précoce du couvert tout en évitant des périodes critiques de semis, notamment en raison des sécheresses estivales.
L’expérimentation s’est appuyée sur un réseau de plus de 180 parcelles, permettant d’évaluer cinq stratégies de semis :
- semis du couvert en même temps qu’une céréale à l’automne, favorisant une couverture précoce du sol ;
- semis en sortie d’hiver dans une culture en place, optimisant l’occupation du sol sans perturber la culture principale ;
- semis dans le mois précédant la récolte d’une céréale, permettant une transition rapide après moisson ;
- semis dans les trois jours suivant la récolte, assurant une implantation immédiate pour maximiser l’utilisation de l’humidité résiduelle du sol ;
- couvert pluriannuel, garantissant une couverture durable et une meilleure régénération du sol.
Des fiches techniques détaillant chaque stratégie et ses conditions de réussite ont été réalisées.
« Cette action a permis d’acquérir rapidement des références sur des pratiques innovantes en mobilisant les réseaux d’agriculteurs. L’appui scientifique sur le climat nous a également aidés à sensibiliser les exploitants aux enjeux des couverts végétaux », explique Aline Vandewalle, consultante innovation et végétal, à la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire et pilote de l’action.
Des références sur les besoins en eau des cultures fourragères
L’adaptation de l’élevage passe aussi par une meilleure gestion de l’eau pour les cultures fourragères qui constituent l’alimentation de base du bétail. L’objectif de cette action était de produire des références locales sur les besoins en eau de plusieurs espèces fourragères cultivées en Pays de la Loire (ray-grass anglais, fétuque, luzerne, trèfle violet, ray-grass hybride et prairies multi-espèces).
L’adaptation de l’élevage passe aussi par une meilleure gestion de l’eau pour les cultures fourragères.
L’étude a permis de définir leurs fonctions de production, c’est-à-dire le lien entre l’alimentation en eau, le rendement et la qualité du fourrage. Ces résultats permettent d’anticiper les impacts du changement climatique, mais aussi d’optimiser les assolements et la gestion des stocks fourragers.
Un webinaire intitulé « Réponse à l’eau des fourragères » a été créé pour diffuser ces connaissances aux éleveurs et agronomes.
« Cette action renforce les références techniques sur les potentialités des espèces fourragères face au changement climatique. Nous avons démontré que la production de luzerne a déjà nettement diminué depuis vingt ans et sera encore plus impactée à l’avenir. Ces travaux permettront d’orienter les producteurs dans leurs choix d’assolement et la sécurisation des stocks fourragers. Cependant, les interactions entre plantes et environnement restent complexes. Après trois années d’expérimentation, nous avons consolidé des modèles pour la luzerne, mais d’autres espèces nécessitent encore des recherches », indique Mickael Venot, ingénieur agronome productions fourragères à Arvalis.
Un projet collectif mobilisant plus de 80 acteurs
Pendant quatre ans, 80 structures (centres de recherche, établissements de formation, organisations professionnelles agricoles, instituts techniques, lycées agricoles) et plus de 350 agriculteurs (en agriculture biologique et conventionnelle), entreprises, coopératives agricoles et startups ont contribué à ce projet ambitieux.
Concepts clés et définitions : #Coopératives