Agroécologie

42 % des terres agricoles en danger et 16 cultures sur 24 menacées en 2050 selon une étude de Scet


Une étude prospective du Bureau T, groupe Scet, dresse un constat préoccupant : d’ici 2050, jusqu’à 40 % de la valeur ajoutée agricole pourrait être anéantie, mettant en péril de nombreuses filières. Des leviers d’action existent pour transformer le modèle agricole et renforcer sa résilience.

42 % des terres agricoles en danger et 16 cultures sur 24 menacées en 2050 selon une étude de Scet
42 % des terres agricoles en danger et 16 cultures sur 24 menacées en 2050 selon une étude de Scet

D’ici 2050, entre 35 et 40 % de la valeur ajoutée agricole française, soit une perte estimée entre 14 et 16 milliards d’euros, pourrait disparaître sous l’effet conjugué du dérèglement climatique et des évolutions économiques et sociétales. C’est le sombre constat dressé par la première étude prospective du Bureau T, groupe Scet, intitulée « Prospective 2050 : entre crises et transformations, quel avenir pour l’agriculture française ? ».

54 départements devront faire face à une transformation profonde de leur agriculture.

« 2050, c’est demain. Nos analyses nous exhortent à agir sans attendre, car 25 ans, c’est bien peu pour réinventer une filière, alerte Paloma Pardineille, directrice du Bureau T, créé en septembre 2024. Les projections de notre scénario ‘fil de l’eau’ sont inquiétantes : 54 départements devront faire face à une transformation profonde de leur agriculture, 42 % des terres agricoles sont menacées, et 16 des 24 cultures étudiées se retrouvent en péril. »

24 productions végétales passées au crible

24 productions végétales représentant 80 % de l’agriculture française ont été passées au crible. Sans évolution majeure du modèle actuel, une chute de la production semble inéluctable, conséquence directe d’une baisse des rendements et d’une réduction des surfaces cultivées. Dans les territoires les plus vulnérables, ce déclin pourrait même aboutir à l’extinction de certaines cultures, voire à la disparition pure et simple de l’activité agricole, en l’absence d’une anticipation efficace des déplacements de production. Un signal préoccupant, annonciateur d’une possible désertification de certaines régions.

« Il nous faut dès à présent nous préparer à gérer un phénomène émergent : l’essor des friches agricoles, prévient Romain Lucazeau, directeur général du groupe Scet. Ces espaces en déshérence poseront des défis en matière de dépollution et d’usages futurs. Contrairement aux friches industrielles, situées en zones urbaines et intégrables dans un modèle économique, les terres agricoles laissées à l’abandon ne bénéficient d’aucune valorisation ni d’outils d’accompagnement adaptés. Or, sans que personne n’en prenne encore pleinement conscience, ces zones inexploitées gagnent du terrain. »

Les leviers de transition

Pour s’adapter à ce scénario « fil de l’eau », l’étude expose des leviers de transition sur la chaîne de valeur :

  • Intrants et matériel : développer la recherche variétale / développer des solutions d’engrais et de protection des cultures performantes et vertueuse à long terme (santé, environnement) / améliorer les solutions techniques (agriculture de précision, irrigation) ;
  • Production : diversifier les espèces et cultures en adaptant les choix de cultures aux nouvelles conditions / optimiser l’usage des ressources en adoptant les solutions techniques adaptées / adapter les pratiques pour préserver le sol et assurer la productivité à long terme ;
  • Collecte et transformation : définir les pratiques, techniques et productions attendues / structurer, accompagner et financer les efforts des producteurs / adapter les outils de transformation et les circuits de collecte aux nouvelles productions ;
  • Distribution, négoce : renforcer la résilience des chaînes de valeur face à une variabilité accrue (traçabilité, routes alternatives) / adapter les circuits de distribution à l’évolution des conditions et des objectifs ;
  • Demande : anticiper les contraintes productives en adaptant les besoins / transmettre les préférences à l’ensemble de la chaîne de valeur (prix, volume, type de production).

Il s’agit aussi de :

  • comprendre les défis actuels et anticiper les évolutions futures (ex : assurer les risques, reconfigurer les chaînes de valeur) ;
  • définir les stratégies d’adaptation et de résilience en tenant compte des spécificités territoriales ;
  • former, accompagner et coordonner les différents acteurs et territoires ;
  • expérimenter et évaluer les impacts des solutions mises en œuvre ;
  • investir sur les changements prioritaires (ex : recherche, incitation).