Agrosolutions teste des mécanismes financiers pour inciter au changement de pratiques
Agrosolutions s’engage dans un projet européen pour financer la transition agroécologique et préserver la biodiversité. Aux côtés de Carbone 4, EarthDaily Agro, Agri Sud-Ouest Innovation, des agriculteurs et des distributeurs, la structure analyse des dispositifs tels que les Paiements pour services environnementaux, la comptabilité triple capital, les fonds mutualistes et les certificats biodiversité.

Agrosolutions participe au projet européen Bio-Capital pour évaluer les mécanismes financiers capables de soutenir la transition agroécologique. « Ce projet vise à mobiliser toute la chaîne de valeur et à créer une dynamique collective en faveur de la restauration de la biodiversité », explique Alexandre Benoist, consultant biodiversité chez Agrosolutions à Agro Matin. Ce programme, coordonné par l’Université des Sciences de Prague, réunit 17 partenaires issus de 13 pays européens. La France est représentée par quatre acteurs majeurs :
- Agrosolutions, chargé d’étudier les financements adaptés à la transition agroécologique.
- EarthDaily Agro, un fournisseur d’imagerie satellite, qui fournit des données de télédétection et des indicateurs permettant de lier pratiques agricoles et biodiversité.
- Carbone 4, qui élabore une méthode de certificats biodiversité en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle pour mesurer et valoriser les gains en biodiversité issus des pratiques agricoles.
- Agri Sud-Ouest Innovation, facilitateur pour coordonner les expérimentations avec les agriculteurs, notamment en agriculture régénératrice, et pour développer des indicateurs mesurant l’appétence des exploitants, des coopératives et des négoces pour ces nouvelles pratiques.
Bio-Capital a déjà mobilisé 20 exploitants agricoles en France. Ces agriculteurs, issus de systèmes variés - grandes cultures, polyculture-élevage, viticulture et arboriculture -, expérimenteront les solutions proposées. « L’objectif est d’étendre ce panel à 50 exploitants, afin de couvrir un large éventail de contextes technico-économiques et environnementaux, explique Alexandre Benoist. Nous sommes en discussion avec des coopératives et des négoces. »
Des PSE aux financements élargis
Quatre mécanismes financiers pour lever les freins à la transition seront testés. Agrosolutions se penchera plus spécifiquement sur les Paiements pour Services Environnementaux (PSE).
« En France et en Europe, les PSE existent déjà. Nous ne réinventons pas la poudre ; cependant, ces dispositifs peinent à dépasser certaines limites, notamment en termes de surfaces couvertes, car ils reposent généralement sur des financements publics », explique Alexandre Benoist.
Notre ambition est de concevoir des mécanismes où le financement proviendrait davantage de la sphère privée, ou d’initiatives hybrides.
Ces PSE sont souvent financés par des acteurs qui sont également bénéficiaires, comme les agences de l’eau pour préserver les ressources en zones de captage, ou des entreprises comme Nestlé Waters. « Mais lorsqu’il s’agit de répondre à des enjeux plus larges, comme le changement de systèmes de culture, ces mécanismes sont encore peu développés, poursuit-il. Notre ambition est de concevoir des mécanismes où le financement proviendrait davantage de la sphère privée, ou d’initiatives hybrides. Nous allons élargir les financeurs potentiels, précise Alexandre Benoist. Des collaborations existantes, comme celles de Pour une Agriculture du Vivant avec Cristal Union ou McCain, illustrent le potentiel de tels dispositifs. »
Intégrer des facteurs environnementaux dans la comptabilité
La comptabilité triple capital sera également testée. « Ce concept vise à intégrer les facteurs environnementaux dans la comptabilité agricole, explique le consultant d’Agrosolutions. Il s’agit de mesurer les impacts négatifs comme la pollution ou les pertes de biodiversité, mais aussi les impacts positifs comme le stockage de carbone et la restauration des sols, afin d’établir une véritable comptabilité élargie. »
Des fonds pour couvrir les risques
Ces fonds s’adressent aux agriculteurs engagés dans la transition agroécologique, particulièrement dans les premières années, où les pertes de production peuvent être significatives.
Autre dispositif évalué : les fonds assurantiels mutualistes « Ces fonds s’adressent aux agriculteurs engagés dans la transition agroécologique, particulièrement dans les premières années, où les pertes de production peuvent être significatives, indique Alexandre Benoist. L’idée est de constituer des fonds mutualisés, organisés par des groupements d’agriculteurs, des coopératives ou encore des structures hybrides avec des financeurs privés, où chacun contribuerait à hauteur d’un montant faible par hectare. Ces fonds serviraient à garantir un revenu minimum en cas de pertes, jouant ainsi un rôle d’assurance pour faciliter l’adoption de nouvelles pratiques. »
Carbone 4 et le MNHN mettent en place des certificats de biodiversité
La structure Carbone 4 va travailler sur les certificats biodiversité en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle pour développer une méthodologie permettant de quantifier les gains en biodiversité liés à la mise en œuvre de pratiques agricoles vertueuses.
« Cette méthodologie repose sur des grilles d’évaluation simples et mobilise des réseaux scientifiques européens pour garantir une caractérisation robuste des impacts positifs, ajoute Alexandre Benoist. La question reste d’établir une gouvernance claire et un marché pour ces certificats : quels acteurs seront impliqués ? Quelle valeur attribuer à ces certificats ? »
200 000 euros pour Agrosolutions
Le financement du projet assuré par la Commission européenne.
Le financement du projet assuré par la Commission européenne : 4,7 M€ sur la durée 2024-2027, dont environ 200 k€ pour Agrosolutions. Bio-Capital s’inscrit dans la Stratégie Biodiversité de l’Union Européenne, qui vise à restaurer au moins 20 % des écosystèmes terrestres d’ici 2030.
Les expérimentations menées dans le cadre de ce projet couvriront cinq contextes écologiques : les forêts alpines, les écosystèmes agricoles (en agroécologie et agriculture régénératrice), les prairies diversifiées favorables aux pollinisateurs, et les zones tampons des cours d’eau.