« AgroMetInfo 2.0, mieux caractériser les effets du changement climatique », I.G. de C. Atauri, Inrae
Le | Résultats scientifiques & techniques
La version 2.0 d’AgroMetInfo, outil web de cartographie agroclimatiques de l’Inrae, a été lancée le 24 juillet 2024. Celle-ci permet d’évaluer, à l’aide d’indicateurs agroclimatiques, les conditions météorologiques de l’année en cours, en les comparant à la normale climatique de référence (1991-2020).
La version 2.0 d’AgroMetInfo, outil web de cartographie agroclimatique de l’Inrae, a été lancée le 24 juillet 2024. Celle-ci permet d’évaluer, à l’aide d’indicateurs agroclimatiques simples (nombre de jours de gels ou de jours chauds à très chauds), les conditions météorologiques de l’année en cours, en les comparant à la normale climatique de référence (1991-2020). Elle utilise, pour cela, des données météorologiques spatialisées (via l’analyse Safran) produites chaque jour par Météo France sur le territoire métropolitain, agrégées à l’échelle des Petites Régions Agricoles.
Iñaki Garcia de Cortazar Atauri, directeur de l’unité AgroClim de l’Inrae, répond aux questions de Référence Agro.
Pouvez-vous nous présenter AgroMetInfo et les nouveautés apportées par cette nouvelle version ?
Iñaki Garcia de Cortazar Atauri : C’est un site web qui permet de suivre quotidiennement les conditions climatiques de la France avec des variables qui peuvent nous intéresser dans l’agriculture, en les mettant en perspective par rapport aux trente dernières années. Pour nous, ça a été une réforme complète de toute l’infrastructure technique pour la rendre plus fiable, souple, évolutive, pour l’enrichir plus rapidement avec des demandes qui nous arrivent des visiteurs du site venus d’autres filières. L’idée était de se doter d’un outil que l’on puisse maintenir le plus longtemps, qui puisse être le plus souple possible pour rendre un service de qualité.
Une première version était sortie en 2019 mais nous avons dû l’arrêter pour des questions technologiques qu’on ne pouvait, à l’époque, pas surmonter. Nous avons fait un refonte de technologie pour que le site soit plus viable. Le fait que Météo France mette à disposition des données de façon ouverte nous a permis d’écrire des canaux de communications encore plus rapides. C’est une partie de l’évolution technique, qui simplifie beaucoup les choses.
Notre unité AgroClim (12 membres permanents, dont 4 ingénieurs de recherche, 4 ingénieurs d’études et 4 techniciens) travaille sur le développement de méthodes pour mieux caractériser les effets du changement climatique. Nous sommes arrivés à un ensemble de bibliothèques informatiques qui nous permet de traiter ces questions de façon plutôt ouverte et interopérable. L’idée était de valoriser tout ce travail via AgroMetInfo.
À qui se destine l’application ? Pour quelle utilisation ?
Iñaki Garcia de Cortazar Atauri : Aux agriculteurs, aux conseillers agricoles, aux responsables techniques, aux enseignants des lycées agricoles, aux chercheurs, aux pouvoirs publics présents dans les agences d’Etat, départements et régions… Nous avons voulu donner des informations à trois échelles :
- locale, structurée autour de la petite région agricole. C’est une structure spatiale reconnue par le MASA et qui représentent une certaine unité en matière d’agriculture, de conditions climatiques et topographiques ;
- régionale ;
- nationale.
Selon l’intérêt de l’utilisateur, il peut regarder ce qui se passe dans la petite région agricole où il travaille, où il habite, ou bien regarder cela dans un registre plus décisionnel et organisationnel à l’échelle de la région, voire du territoire national.
Cela permet de mieux comprendre comment le climat est en train de changer et comment ces changements impactent l’agriculture. Depuis le lancement de cette deuxième version, nous avons déjà eu des retours de la part de collègues de chambres d’agriculture qui avaient fait remonter des demandes afin de mieux comprendre si cette année était particulièrement froide et pluvieuse. AgroMetInfo permet de suivre l’avancée des saisons et l’influence sur les productions. Ce n’est pas un site web pour le travail au quotidien mais qui vise à mettre en perspective ce qu’on est en train de vivre, dans un climat changeant.
Combien de personnes consultent ce site ? Concerne-t-il tous les types de culture ?
Iñaki Garcia de Cortazar Atauri : Cela fait à peine trois heures que le nouveau site est accessible et nous avons déjà plus de 300 consultations recensées, alors qu’il s’agit d’une site très spécialisé, qui informe sur quelque chose de très particulier. Nous verrons par la suite comment l’information est utilisée tout le long de l’année, pas seulement ponctuellement.
Nous avons fait une typologie qui est assez classique de l’agriculture, avec les cultures d’hiver et les cultures d’été. Les cultures d’hiver vont plutôt être le blé, le colza, les orges. Les cultures d’été concernent le maïs, le tournesol, mais on peut aussi regarder comment les conditions évoluent par rapport aux espèces fruitières, dont certaines ont des cycles démarrant au mois de mars-avril.