Agroécologie

Crise agricole : « Des transitions radicales et structurelles sont nécessaires », un collectif Inrae

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Un collectif de 240 membres de l’institut de recherche a signé une tribune publiée dans Le Monde, le 16 décembre 2024. Réagissant à l’emmurement opéré par les sections franciliennes de la FNSEA et des JA lors de leur action devant le siège de l’Inrae, le 28 novembre 2024, les chercheurs estiment que des mesures favorisant la transition agroécologique demeurent indispensables.

©  FNSEA Grand Bassin Parisien - © D.R.
© FNSEA Grand Bassin Parisien - © D.R.

« Devant ces tensions et ces tentatives d’intimidation à notre encontre, nous, membres d’unités de recherche Inrae, témoignons de notre volonté de mener une recherche exigeante, utile, indépendante et de qualité, pour aider à faire face aux enjeux monumentaux du XXIe siècle. Cela nous place-t-il en opposition aux agriculteurs ? Nous estimons que non », écrit un collectif de 240 membres de l’institut de recherche dans une tribune publiée dans Le Monde, le 16 décembre 2024. Les chercheurs réagissent à l’emmurement opéré par les sections franciliennes de la FNSEA et des JA lors de leur action devant le siège de l’Inrae, le 28 novembre 2024.

« Cependant, il ne faut pas se voiler la face : il est indispensable de comprendre que les secteurs agricole et alimentaire sont fortement contributeurs d’émissions de gaz à effet de serre (engrais azotés, émissions de méthane) et ont des responsabilités dans la dégradation des écosystèmes, de la santé publique et des ressources en eau (pesticides). Il serait également trompeur de laisser penser que les agriculteurs sont seuls responsables de ces impacts », estiment les chercheurs de l’Inrae.

« Le climat politique et médiatique favorise une approche relative de la vérité »

Ces derniers jugent également que « des transitions radicales et structurelles sont nécessaires, impliqu[ant] des choix forts : sortie des énergies fossiles, baisse drastique des usages de pesticides et d’intrants azotés, sobriété des modes de consommation, baisse de la consommation de protéines animales… Ces choix induisent des coûts et des risques pour un certain nombre d’acteurs des secteurs agricole et alimentaire, à mettre en regard des opportunités de développement de systèmes sains et durables ».

« Malheureusement, le climat politique et médiatique actuel favorise une approche relative (voire alternative) de la vérité, qui mène à la suspicion vis-à-vis des résultats de la recherche, des atteintes à la liberté académique, et une polarisation des opinions. L’influence des lobbys, aux intérêts contradictoires, qui cherchent à mettre en cause et à relativiser le discours scientifique, voire à l’intimider, est aussi à prendre en compte », pointent, enfin, les signataires de la tribune.