Le Sommet Agroécologie de Bordeaux entend rapprocher la science des pratiques agricoles

« Beaucoup de résultats scientifiques ne redescendent pas au niveau de l’agriculteur. Les résultats probants des recherches ne trouvent souvent pas d’écho dans les pratiques agricoles, et ce sommet se veut un espace où ces savoirs peuvent être diffusés et discutés », explique Xavier Planty, président de l’association écologique de Carbouey, le 16 octobre 2014 à Bordeaux lors de la présentation du deuxième Sommet Agroécologie. Il se tiendra à Bordeaux le 14 novembre 2024, après une première édition en 2023 qui avait réuni 450 participants. Cet événement, porté par l’association agroécologique de Carbouey, vise à renforcer les liens entre la recherche scientifique et les agriculteurs. « L’agroécologie, bien qu’elle soit largement étudiée par le monde de la recherche, manque encore de soutien des institutions agricoles et locales, poursuit-il. Le Sommet agroécologie de Bordeaux vient combler un vide face aux institutions agricoles locales, qui peuvent parfois manquer d’écoute sur ces problématiques. »

Les flux, au menu de la deuxième édition

Cette année, le sommet portera sur les flux au sein des systèmes agricoles, après avoir mis l’accent sur la thématique de l’eau lors de la première édition. « L’objectif est de comprendre comment des systèmes plus robustes peuvent être mis en place pour mieux résister aux fluctuations climatiques, explique Marina Galman, directrice de l’association agroécologique de Carbouey. Il s’agit notamment de réfléchir à l’impact des pratiques agricoles sur les flux de nutriments, d’eau, et d’énergie, en fonction des interventions sur les sols et les végétaux. »

Comprendre l’impact des infrastructures agroécologiques

Les discussions porteront également sur l’installation des infrastructures agroécologiques et leurs effets dans le temps : « Ces infrastructures vont mobiliser des minéraux et de l’eau, mais ensuite cela revient dans le système, poursuit-elle. L’arbre consomme de l’eau, mais il appelle également l’eau. C’est une gestion des flux à un moment donné, qui demande de bien savoir piloter ces interactions. Il est nécessaire de mieux comprendre ces interactions pour favoriser leur adoption par les agriculteurs. Le sommet abordera d’ailleurs également les freins au changement, une problématique récurrente dans la transition agroécologique. »

Une soirée pour le grand public

L’événement s’adresse principalement aux professionnels, mais le grand public ne sera pas oublié. Le débat de la soirée visera à mieux informer sur ces pratiques agricoles et son impact positif, dans une optique de vulgarisation accessible à tous. Elle sera animée par le vulgarisateur scientifique Jamy Gourmaud et Françoise Vernet, fondatrice de la fondation Pierre Rabhi et ex-directrice de Kaizen, et coorganisée par la Fédération BioGée.

L’enseignement reste également une priorité majeure pour l’organisation puisque, lors de la première édition, 40 % des participants étaient des étudiants ou issus du milieu éducatif. De nombreux acteurs du secteur viticole, ainsi que des chambres d’agriculture, seront également présents cette année.

Le sommet est organisé en partenariat avec la ville de Bordeaux, Biotope, l’Agence de l’eau, la Région Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux Métropole, ainsi que des mécènes tels que H&A Location et le Conseil des crus classés de 1855. Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) n’a pas été sollicité. « Cela leur passe au-dessus de la tête », indique Xavier Planty.

L’association agroécologique de Carbouey

L’association agroécologique de Carbouey, fondée en 2020 en Gironde, est à l’origine du Sommet Agroécologie de Bordeaux. Sa mission est la diffusion, la communication, et l’accompagnement dans la mise en œuvre des savoirs agroécologiques. Depuis sa création, elle a déjà mis en place plusieurs formations et organise chaque année une journée dédiée à l’agroécologie viticole. En 2023, elle a lancé le premier Sommet Agroécologie de Bordeaux, réunissant des chercheurs de renom pour permettre aux agriculteurs de renforcer leurs compétences. L’association travaille également sur un projet de ferme-laboratoire dans le sud de la Gironde, avec un maraîcher installé sur le site. Ce projet vise à créer un espace d’expérimentation agricole basé sur les principes de l’agroécologie.