Le JRC publie une étude sur la dépendance aux importations de protéines végétales
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L’Union européenne est fortement dépendante de pays tiers pour son approvisionnement en alimentation animale protéinique, selon l’état des lieux de la dépendance de l’Union européenne aux importations de protéines végétales publié par le Joint Research Center (JRC), le 8 octobre 2024.
71 Mt de protéines brutes en alimentation animale annuelle, dont 24 % importés ; 66 % d’importation pour l’alimentation animale à haute teneur protéinique, avec 96 % d’importation des tourteaux de soja : l’Union européenne est fortement dépendante de pays tiers pour son approvisionnement en alimentation animale protéinique, selon l’état des lieux de la dépendance de l’Union européenne aux importations de protéines végétales publié par le Joint Research Center (JRC), le 8 octobre 2024. Il y indique également quatre scénarios destinés à réduire cette dépendance.
Les produits animaux restent la principale source de protéines dans l’alimentation humaine. Entre 2010 et 2021, la consommation moyenne de protéines animales a augmenté de 6 % dans les États membres de l’UE, tandis que la consommation de protéines d’origine végétale a diminué de 2 %. La tendance à long terme (horizon 2035), pourrait toutefois s’inverser, selon les perspectives du JRC.
Cette dépendance à des pays tiers sur un approvisionnement stratégique fragilise la souveraineté alimentaire de l’Union européenne, et met en place des schémas de production énergivores, émetteurs de gaz à effet de serre (GES) et contraires aux objectifs du Pacte vert.
Quatre pistes pour une réduction de la dépendance aux importations de protéines végétales
Les experts du JRC ont élaboré quatre scénarios d’évolution des systèmes alimentaires (animaux et humains) afin de réduire la dépendance actuelle aux importations de protéines végétales. Ces scénarios sont établis en croisant les données de plusieurs référentiels, afin de pondérer les bénéfices et dommages apportés par l’élevage au sein des Etats membres :
- Mise en place d’un soutien spécifique à la production de protéagineux : augmentation du soutien couplé à la production de protéagineux dans l’UE, tous les États membres utilisant pleinement 2 % de leur budget de paiements directs au titre du soutien couplé aux protéagineux. Cette intervention politique vise à encourager davantage la production intérieure de l’UE de cultures riches en protéines.
- Modification des pratiques d’alimentation du bétail : Adoption accrue de pratiques d’alimentation à faible teneur en azote par les agriculteurs de l’UE. Il s’agit d’un exemple d’approche visant à accroître l’efficacité de l’utilisation des aliments protéiques dans le secteur de l’élevage de l’UE.
- Restructuration du cheptel : Diminution de la densité de production animale dans l’UE à 2,0 unités de bétail / ha. Cette politique vise à atténuer les effets négatifs potentiels sur l’environnement des systèmes de production animale intensive, tout en permettant une redistribution de la production animale sur le territoire de l’UE.
- Transition vers une alimentation plus végétale : Cette approche explore les effets d’une modification des habitudes alimentaires, en supposant une évolution partielle vers les recommandations alimentaires de la Commission EAT-Lancet.
Les principaux facteurs de réduction de la dépendance et des émissions de GES
Une combinaison de ces quatre approches, dans des conditions de marché réelles et actualisées, peut réduire de manière significative la dépendance de l’UE à l’égard des importations d’aliments protéinés pour animaux, tout en apportant des avantages pour l’environnement. Selon ce scénario combiné, les émissions agricoles de GES dans l’UE diminueraient de 5,6 %.
Cette diminution est principalement due à la baisse des émissions de méthane et de protoxyde d’a provenant de la fermentation entérique et de la gestion et de l’épandage du fumier. Cette réduction se traduit par une diminution de 6,6 % du méthane agricole et de 3,3 % des émissions d’oxyde nitreux.
Parmi les scénarios évalués, l’adoption d’une alimentation plus végétale apparaît comme le plus transformateur, en réduisant sensiblement la demande de protéines pour l’alimentation animale et en diminuant les émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole.
Si des mesures telles que l’augmentation des aides couplées aux revenus pour les protéagineux (scénario 1) et l’adoption de stratégies d’alimentation à faible teneur en azote (scénario 2) peuvent offrir des gains plus modestes, elles contribuent néanmoins à améliorer la rentabilité de cultures telles que les fèves de soja et les légumineuses.