Agrostratégie

Oxyane lance sa démarche agroécologique O’trement

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Oxyane a lancé, le 22 octobre 2024, sa démarche O’trement, visant à accompagner les agriculteurs dans leur transition agroécologique. Conçue en collaboration avec l’association Earthworm, cette initiative ambitionne de toucher 500 agriculteurs, avec un budget de 20 millions d’euros sur cinq ans. Entretien avec Jean-Yves Colomb, président d’Oxyane.

Oxyane lance sa démarche agroécologique O’trement
Oxyane lance sa démarche agroécologique O’trement

Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce projet ?

Jean-Yves Colomb : Nous avions déjà intégré dans notre projet d’entreprise l’objectif de faire progresser nos adhérents, non seulement sur le plan économique, mais également sur les volets environnemental et social. Par « social », nous entendons la capacité à sensibiliser nos adhérents aux enjeux futurs et à les aider à s’adapter aux transformations à venir. Pour ce faire, nous avons développé plusieurs filières, établissant des partenariats solides avec divers acteurs, notamment avec les clients en aval et dans le cadre de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE). Nous avons également soutenu la croissance de l’agriculture biologique.

Cette démarche s’inscrit donc dans une dynamique de transformation où nous cherchons à transformer les contraintes en opportunités de progrès. En 2021, nous avons lancé l’association « Prioriterre », qui réunissait différents partenaires souhaitant s’engager dans la transition agricole. Toutefois, il manquait une forme de valorisation des efforts fournis par les agriculteurs. Nous avons ressenti le besoin d’une démarche simple, visible et mesurable, offrant à chaque agriculteur un accompagnement individualisé. C’est pourquoi notre groupe coopératif lance sa démarche « O’trement », qui a pour objectif d’accompagner ses agriculteurs vers des pratiques agroécologiques durables.

Pouvez-vous détailler la démarche O’trement ?

Jean-Yves Colomb : La démarche repose sur six leviers : la régénération des sols, la préservation de la biodiversité, le développement de l’autonomie alimentaire des élevages, la promotion de la résilience économique des exploitations, la réduction de la dépendance aux intrants chimiques pour protéger l’environnement, et la gestion durable de l’eau. Nous avons commencé à collaborer avec les équipes d’Earthworm dès janvier 2023 pour structurer ce projet et établir un lien avec nos clients. Cette démarche repose sur le suivi de quinze indicateurs de performance agroécologique et d’impact permettant de mesurer l’amélioration du stockage de carbone dans les sols, la réduction des émissions de GES, et de démontrer le bénéfice de cette transition sur la biodiversité et la gestion de l’eau.

L’objectif est de transformer la relation entre Oxyane et ses adhérents en valorisant leurs pratiques auprès des clients. Le système de rémunération repose sur trois niveaux. En fonction d’un diagnostic et d’un suivi personnalisé annuel, les agriculteurs peuvent percevoir 50, 80 ou 100 euros par hectare et par an. Chaque indicateur est noté sur 10, et pour atteindre le niveau 3, l’agriculteur doit obtenir une moyenne satisfaisante sur l’ensemble des indicateurs. Les agriculteurs s’engagent pour une durée de cinq ans. Nous avons pour ambition de faire entrer 500 agriculteurs dans cette démarche d’ici trois ans, sur un total de 5 000 adhérents. Le projet est doté d’une enveloppe de 20 millions d’euros, financée par nos partenaires publics et privés.

Avec qui travaillez-vous dans le cadre de cette initiative ?

Jean-Yves Colomb : Nous avons noué des partenariats avec des entreprises telles que McDonald’s et son fournisseur de pain Bimbo, Nestlé, PepsiCo, Roquette, ainsi qu’avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la CNR et des communautés de communes. Nous sommes en discussion avancée avec d’autres partenaires. Nous visons à créer une relation gagnant-gagnant entre les agriculteurs et nos clients, qui expriment aujourd’hui des attentes fortes, notamment sur la réduction de l’empreinte carbone des produits.

Les agriculteurs seront soutenus dans leur transition par nos conseillers techniques, dont 50 sont en cours de formation afin de les accompagner au mieux dans la mise en œuvre des pratiques agroécologiques.