« Un besoin de transversalité », Clara Baudoin, dir. Transitions agricoles et digitale d’Eureden
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La coopérative Eureden a mis en place en janvier 2024 une nouvelle direction nommée « Transitions agricoles et Digitales », composée de 80 personnes. À sa tête, Clara Baudoin, auparavant directrice des filières bio. En mettant l’accent sur le digital, la performance économique et la transition écologique, elle orchestre un modèle coopératif qui valorise l’innovation au service des adhérents.
En quoi consiste votre nouvelle fonction au sein d’Eureden ?
Clara Baudoin : Je suis actuellement directrice des transitions agricoles et digitales, une direction qui a été créée en janvier 2024 dans le cadre d’un programme de transformation de la branche agriculture d’Eureden. L’objectif de cette nouvelle direction est de replacer nos adhérents, les agriculteurs, au centre de notre organisation et de nos actions. Nous cherchons à développer une approche systémique intégrée de l’exploitation agricole au sein de la coopérative pour répondre aux défis actuels et futurs. Nous sommes une coopérative multispécialiste, et, si notre expertise est reconnue dans chacune de nos filières, nous avons identifié un besoin de transversalité pour offrir une réponse globale aux problématiques de nos adhérents.
Quelle était votre précédente fonction ?
Clara Baudoin : Avant cette nomination, j’étais directrice des filières biologiques, où je m’occupais du développement de la production biologique et des prestations de conseil en agroenvironnement auprès de nos adhérents. Ces missions m’ont permis d’acquérir une solide expérience des attentes des agriculteurs, particulièrement sur les questions de durabilité et d’innovation. Cette nouvelle direction permet de prolonger cet engagement tout en lui donnant une dimension plus stratégique et numérique.
Qu’entendez-vous par « approche systémique intégrée » et pourquoi est-elle si importante dans le contexte actuel ?
Clara Baudoin : Chez Eureden, nous nous concentrons sur plusieurs productions : les productions animales, la nutrition animale, l’agrofourniture, les productions végétales, y compris les légumes d’industrie. Chaque spécialité a ses particularités et ses enjeux. Cependant, face à la complexité des défis agricoles, il est important de ne plus raisonner par filière, mais d’avoir une vue d’ensemble, en 360°, des problématiques auxquelles font face nos adhérents. Notre objectif est d’offrir aux agriculteurs des solutions complètes, personnalisées et intégrées et transversales, en abordant simultanément des aspects aussi variés que l’agriculture durable, la rentabilité économique, les impacts sociaux et la transition numérique.
Comment cette direction est-elle organisée et quelles sont ses grandes missions ?
Clara Baudoin : Notre équipe compte environ 80 personnes sur ces métiers opérationnels autour du bio et de l’agro-environnement, et nous verrons comment elle doit se structurer mais nous visons une centaine de collaborateurs à terme. Plutôt que de structurer d’abord l’équipe, nous avons défini en premier lieu une mission et un cap pour cette nouvelle direction, en nous basant sur les attentes de nos adhérents, surtout celles des nouvelles générations d’agriculteurs, qui sont sensibles à des problématiques différentes de celles de leurs prédécesseurs. Nous avons aussi pris en compte les attentes de nos clients et partenaires, afin de construire un projet de transition agricole qui soit bien ancré dans la réalité du marché.
La raison d’être de la direction, c’est d’accompagner les agriculteurs bretons à travailler la durabilité ou la performance durable, en lien avec les attentes de nos partenaires aval, et de conduire une transformation digitale. Nous avons défini cinq grandes missions principales, chacune incarnée par un pôle distinct au sein de la direction :
- Transformation digitale : Ce pôle se consacre au développement d’outils numériques pour nos adhérents, comme un portail digital pour les agriculteurs et un autre pour nos conseillers techniques. L’idée est de centraliser la connaissance de l’exploitation en partageant les mêmes données, bien que chaque utilisateur ait une expérience digitale adaptée à ses besoins spécifiques.
- Diversification des revenus agricoles et non agricoles : Nous encourageons nos adhérents à diversifier leurs sources de revenus, que ce soit par des productions agricoles alternatives ou par des activités non agricoles. Par exemple, le développement de la production d’énergie durable, comme le photovoltaïque sur les exploitations, est une piste intéressante pour générer des revenus supplémentaires.
- Optimisation de la performance des exploitations : Ce pôle vise à améliorer la gestion des coûts, de la main-d’œuvre et des ressources naturelles sur les exploitations. Il s’agit de travailler, par exemple, sur le pilotage des intrants et la gestion des charges, tout en introduisant des méthodes d’agriculture de précision.
- Transition carbone et adaptation au changement climatique : Nous avons un axe spécifique pour accompagner les agriculteurs dans la réduction de leur empreinte carbone. Nous déployons notamment des diagnostics carbone sur une soixantaine d’exploitations pour mesurer un « point zéro » des émissions de gaz à effet de serre, et pour identifier les leviers de décarbonation.
- Programme de transition global : Le dernier pôle est consacré à l’accompagnement des agriculteurs dans un programme de transition durable. Il s’agit de mettre en place des indicateurs concrets pour mesurer l’impact des pratiques agricoles, et de bâtir un modèle économique qui puisse être soutenu par des acteurs de la transformation, de la distribution et des pouvoirs publics.
Quels sont les premiers projets concrets sur lesquels vous travaillez ?
Clara Baudoin : Pour le digital, trois projets majeurs sont prioritaires : le portail digital pour les agriculteurs, le portail digital pour les TC, et l’ouverture d’un site e-commerce dédié à nos adhérents. Ce dernier permettra aux agriculteurs d’accéder à une offre élargie de services et de produits. Côté transition, nous nous concentrons sur le lancement du programme de transition avec des leviers opérationnels concrets, un plan de financement, et un accompagnement sur la performance durable. Enfin, nous déployons déjà les diagnostics carbone, qui devraient nous permettre de créer une base solide pour la décarbonation des exploitations.
Quelle est l’importance du volet financier dans ces projets ?
Clara Baudoin : Notre priorité est de construire un programme de transition durable, avec un modèle économique qui soit viable et qui apporte de la valeur ajoutée pour nos adhérents et pour la coopérative. L’enjeu est de faire de cette transformation un levier économique à part entière pour l’avenir de l’agriculture bretonne. Nos priorités d’actions seront clairement pointées vers la recherche de valeur, la course éperdue vers une agriculture toujours plus vertueuse sans valorisation complémentaire suffisante pour ces contributeurs doit cesser. L’agriculture bretonne a de vrais points forts à faire valoir tant sur le plan agronomique que sur celui de l’élevage. Notre priorité est de construire un programme de transition durable, avec un modèle économique qui soit viable et qui apporte de la valeur ajoutée pour nos adhérents, pour la coopérative. L’enjeu est de faire de cette transformation un levier économique à part entière pour l’avenir de l’agriculture bretonne.