« Ouvrir les capitaux de BASF à d’autres investisseurs », J.-J. Pons, dir. BASF France division agro

Quelle est l’évolution du marché des produits phytosanitaires en 2024 ?

Jean-Jacques Pons : Le marché des produits phytosanitaires devrait cette année être en légère progression en valeur du fait des conditions climatiques et de la pression maladie assez exceptionnelle, en particulier en vigne et en pommes de terre, et ce, malgré la baisse des surfaces de céréales. L’utilisation de nos produits sur la campagne 2023/2024 est globalement stable.

Face à une situation économique tendue, BASF a déclaré être en réflexion sur une réorganisation de son portefeuille et une séparation de son activité agricole. Pouvez-vous nous en dire davantage et les conséquences en France ?

J.-J. P. : Avec les annonces faites à date du 25 septembre 2024, aucun changement n’est à prévoir dans la manière d’aborder notre business avec nos clients. Il n’y aura pas non plus de changements dans nos activités, nos produits et nos services. Nos clients restent toujours au centre de nos actions. Nous continuons à investir dans notre pipeline d’innovations pour lancer les produits phares sur nos segments stratégiques. En parallèle, nous poursuivons la mise en œuvre de notre stratégie liée aux systèmes de cultures, à proposer des offres connectées et des modèles économiques innovants. Nous dirigerons nos activités de manière équilibrée afin d’assurer une croissance durable et rentable.

L’introduction partielle en bourse est une option prometteuse et le calendrier est en cours de planification. Cette démarche vise, en effet, à capitaliser sur notre expertise approfondie du secteur agricole et ainsi tirer parti de notre position sur le marché en tant qu’acteur majeur de l’innovation. Elle permettra également d’ouvrir les capitaux de BASF à d’autres investisseurs, spécialistes de l’agriculture, apportant ainsi de nouveaux moyens et opportunités de croissance.

Quelle est votre stratégie pour les cinq prochaines années ?

J.-J. P. : BASF continue d’investir massivement dans ses activités de R&D afin d’apporter de nouvelles innovations sur le marché, dans un contexte politico-économique complexe. Ces investissements permettront de protéger les cultures contre les bioagresseurs existants mais aussi de faire face à l’émergence de nouvelles espèces. Ces solutions intègrent le développement de nouveaux outils de désherbage, un point clé aujourd’hui pour lutter contre des espèces invasives, pouvant aussi poser des problèmes majeurs de santé publique. Les biosolutions font partie intégrante de cette approche, en nouant par exemple des partenariats avec des entreprises expertes de ce secteur, comme le partenariat avec Acadian Plant Health, signé le 15 octobre 2024. BASF accélère aussi sur les piliers de l’agriculture numérique, des semences et du stockage de carbone, afin de proposer des solutions variées à mettre en œuvre, à l’échelle d’itinéraires et de systèmes de cultures, pour sécuriser les rendements et diminuer l’empreinte environnementale des productions. BASF s’investit avec ses partenaires pour co-construire ses offres.

Allez-vous faire évoluer l’accompagnement des distributeurs agricoles ?

J.-J. P. : Les coopératives et négoces sont et restent nos partenaires pour la mise en marché de nos solutions. BASF, avec ses équipes, a encore un maillage fort pour soutenir les distributeurs dans leurs activités. Nous continuons ainsi à être en échanges réguliers pour identifier leurs besoins et ceux des agriculteurs, pour être efficients dans nos actions et notamment dans le lancement des offres. Nous pouvons encore progresser dans le travail de coopération pour relever les défis de souveraineté alimentaire, de décarbonation et partager de nouveaux modèles de performances.