Unéal, Tereos et Prospérité Fermière s’associent pour encourager les pratiques bas carbone
Le | Stockage de carbone
Les coopératives Unéal, Tereos, Prospérité Fermière Ingredia s’unissent pour soutenir les agriculteurs du Nord-Pas-de-Calais dans la transition bas-carbone de leurs exploitations. Le projet, placé sous la coordination de Carbone Farmers, a été lancé en juin 2024. Explications avec Jean-Marc Levy, cofondateur de Carbone Farmers.
Quel est l’objectif de cette mutualisation ?
Jean-Marc Levy : Cette initiative vise à répondre à une demande croissante des agriculteurs, en particulier des polyculteurs-éleveurs, qui souhaitaient aborder la problématique carbone non seulement pour les cultures végétales, mais aussi pour leur production laitière. Nous travaillons depuis plus d’un an avec Tereos sur la gestion du carbone, et nous étions également en pourparlers avec Unéal et Prospérité Fermière Ingredia. Ensemble, nous avons fondé cette coalition pour mutualiser les coûts et partager les bénéfices, tant économiques qu’environnementaux, résultant de la transition des exploitations. L’objectif est de conjuguer les efforts des différentes filières, car il est désormais évident que les stratégies carbone ne peuvent être efficaces en se limitant à une seule filière. Cette observation n’est pas nouvelle, mais sa mise en œuvre est délicate, exigeant une coordination rigoureuse et une gestion de projet exemplaire. D’autres collecteurs, notamment dans les secteurs du lin et des légumes, devraient rejoindre cette initiative.
Comment le travail est-il réalisé auprès des agriculteurs ?
Jean-Marc Levy : Les exploitations polyculture-élevage laitier seront en mesure d’effectuer un bilan carbone unique, ce qui simplifiera non seulement leurs démarches administratives, mais aussi l’évaluation de leur impact carbone global. C’est une approche holistique de l’exploitation agricole. Plutôt que de laisser chaque coopérative suivre ses propres intérêts de manière isolée, nous avons choisi d’instaurer un dialogue ouvert et constructif, où l’objectif principal demeure la réussite de la transition pour les agriculteurs. Par exemple, sur le plan agronomique, nous prenons en compte tous les paramètres. Allonger la durée des prairies temporaires implique une réduction des cultures, et donc une baisse des ventes, ce qui nécessite des arbitrages collectifs. Chaque technicien apporte son expertise dans l’accompagnement des agriculteurs, tandis que Carbone Farmers offre une expertise plus pointue sur la réduction des émissions et l’efficacité carbone. Dans nos groupes de travail, nous réunissons des représentants de Carbone Farmers, Tereos, Unéal et Prospérité. Même si cela peut sembler constituer une équipe étendue autour de chaque agriculteur, la qualité de l’accompagnement n’en est que renforcée. Plutôt que de confier cette transition à un seul collecteur, nous avons créé une dynamique où l’agriculteur se sent pleinement soutenu, chaque technicien jouant un rôle essentiel.
Où en êtes-vous ?
Jean-Marc Levy : En juin 2024, 50 polyculteurs-éleveurs du Nord-Pas-de-Calais ont rejoint le projet. Nous avons veillé à sélectionner des participants aussi représentatifs que possible. L’objectif est d’en atteindre 100 d’ici décembre 2024 et 200 en 2025.
Quel est votre rôle au sein du projet ?
Jean-Marc Levy : Carbone Farmers est en charge de la collecte et de l’agrégation des données. Notre mission consiste à optimiser l’automatisation du processus et à réduire les saisies redondantes. Nous procédons à la détection des incohérences, car de nombreux logiciels de gestion parcellaire comportent des données parfois saisies sans la rigueur nécessaire, ce qui peut entraîner un manque de cohérence. Cela est compréhensible, les outils sont utilisés par des humains, pas des machines. C’est pourquoi nous apportons un contrôle de cohérence systématique. Nous intégrons également les compétences des techniciens des coopératives afin qu’ils s’approprient pleinement ces enjeux.
Comment s’organisent les financements carbone entre les différents acteurs ?
Jean-Marc Levy : Le modèle de financement repose à la fois sur des crédits carbone et des primes filières. Cela procure une plus grande sécurité aux agriculteurs, qui peuvent ainsi compter sur plusieurs sources de financement. Nous avons défini ensemble des clés de répartition, permettant à chaque coopérative et à chaque collecteur de valoriser, auprès de ses clients, les efforts des agriculteurs. Nous fournissons à chaque coopérative les facteurs d’émissions spécifiques à leurs activités, ce qui leur permet ensuite de trouver la valorisation la plus adaptée. Par exemple, Unéal, coopérative céréalière tournée vers l’export, vend du blé en Égypte. Cependant, comme ce blé n’est pas bas-carbone, l’indemnisation prend la forme de crédits carbone. En revanche, chez Tereos ou Prospérité Fermière Ingredia, nous nous appuyons davantage sur des primes filières, versées en collaboration avec nos clients.