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Accord conclu sur l’OCM viticole, des réactions mitigées

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Les ministres européens de l’Agriculture sont enfin tombés d’accord le mercredi 19 décembre sur la réforme de l’OCM viticole. Le projet initial, défendu par Mariann Fischer Boel, avait pour but de trouver des solutions pour un secteur viticole en crise afin de lutter contre la concurrence des vins du « Nouveau monde ». Si la Commissaire européenne a mis un peu d’eau dans son vin depuis, suite aux réactions des professionnels, les grandes lignes du projet ont été maintenues dans le compromis final. A commencer par un plan d’arrachage sur trois ans des vignes qui doit concerner 175 000 hectares (contre 400 000 ha initialement demandés par Mariann Fischer Boel). Le principe repose sur le volontariat, avec à la clef des primes versées aux viticulteurs, dégressives d’une année sur l’autre. Le deuxième volet concerne la libéralisation des droits de plantation qui pourrait être totale à l’horizon 2015 voire, au plus tard, en 2018. Autre point important : la suppression progressive de la distillation de crise, ou tout au moins l’abandon de son financement par les aides européennes et son maintien en cas de crise par les pays sous certaines conditions, qui devrait s’achever d’ici quatre ans…

J.-F.C.

Parmi les autres mesures : la chaptalisation reste autorisée mais à des taux plus réduits ; les aides prévues pour l’enrichissement des vins par les moûts de raisin seront remplacées dans quatre ans par un paiement forfaitaire aux viticulteurs, indépendamment des volumes ; enfin, la simplification de l’étiquetage concernant les vins non concernés par une indication géographique et qui pourront mentionner le cépage et l’année de récolte.

Les professionnels en partie satisfaits mais vigilants

Les professionnels ont aussitôt réagi suite à cet accord. Les Vignerons Coopérateurs de France rappellent leur attachement à ces mécanismes que sont les droits de plantation, l’enrichissement et le dispositif de gestion de crise. Ils « restent préoccupés quant au sort définitif qui sera réservé à l’authenticité des vins de pays et de cépages. Ils rappellent que le ministre de l’Agriculture « a obtenu cet accord a minima mais a acquis, avec l’enveloppe de 280 millions d’euros, des moyens pour financer la filière sur le plan national », tout en soulignant qu’ils se « mobiliseront pour que le plan à 5 ans pour la viticulture française jette les bases de retour à la compétitivité et d’une sortie de crise ».

Pour les Vignerons Indépendants de France, cet accord permet de proposer une offre claire et lisible aux consommateurs. Ils précisent : « il ne marque pas la fin d’un processus, mais le début d’une période de travail et de construction pour la filière française. C’est une erreur de penser qu’on pourra tout faire avec les enveloppes nationales. Il faudra faire des choix stratégiques et mettre en oeuvre des mesures pour accompagner les entreprises dans cette période de transition ».

A la filière de s’organiser

L’AGEV, qui représente l’ensemble des entreprises de l’aval de la filière vinicole, se félicite de ce compromis mais regrette que la réforme n’ait pas été l’occasion de mettre en place une « véritable stratégie commerciale en matière de commerce extérieur et que la réglementation sectorielle en matière d’étiquetage n’ait pu l’emporter sur les réglementations prises par les Etats Membres en matière de santé des consommateurs (logo femmes enceintes,…) au risque de générer des entraves techniques importantes aux échanges intra communautaires ».


La FNSEA prend acte de cet accord « a minima » qui conserve des possibilités d’action sur les marchés et des possibilités de gestion des crises. Mais le syndicat précise qu’il restera vigilant sur la pérennité des droits de plantations : « cet outil, maintenu seulement jusqu’en 2015, reste essentiel pour une politique de maîtrise durable de l’équilibre de marché dans un contexte de produits liés à leurs territoires ». Il regrette aussi le compromis sur l’étiquetage « qui conduit à banaliser les vins ». « Enfin, conclue la FNSEA, il revient désormais à la viticulture française de s’organiser pour tirer profit du temps et des moyens qui lui sont impartis pour regagner sa compétitivité et retrouver ses parts de marché. »

J.-F.C.