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Aux Culturales, méthanisation, blé hybride, bio… s’invitent sur les stands des semenciers

Le | Agrofournisseurs

Derrière certains fils rouges déroulés en commun d’un stand à l’autre, les semenciers présents aux Culturales, les 14 et 15 juin, n’ont pas hésité à faire valoir leurs atouts et produits phares. Référence agro vous propose de retourner, le temps d’un article, dans les espaces semences des exposants.

Crédit photo Arvalis. - © D.R.
Crédit photo Arvalis. - © D.R.

Chez les semenciers présents aux Culturales, les 14 et 15 juin dans l’Essonne, ladaptation aux contraintes de production est un fil rouge. Mais les tendances ne s’arrêtent pas là. D’autres dénominateurs communs se distinguent d’un stand à l’autre. La méthanisation connaît ainsi une dynamique certaine, les semenciers revendiquant différentes approches. Syngenta défend ainsi ses orges « très productrices de biomasse ». Semences de l’Est voit dans le seigle hybride une valeur sûre, tout comme KWS Momont, qui met également en avant des seigles lignée, tandis que Energy Seeds prône l’utilisation de sa gamme de maïs Métha+. Sur son pôle méthanisation, Sem-Partners propose une offre diversifiée, dans laquelle se trouve une nouvelle espèce, proche du tournesol et du chardon : le carthame.

Cap sur les blés hybrides

Les blés hybrides sont un autre type de sujet montant. « Saaten Union est, à ce jour, le seul acteur opérationnel sur ce marché, fait valoir Emmanuel Sterlin, responsable de la communication de l’entreprise. Avec deux inscriptions en 2022, nous ne relâchons pas nos efforts et visons 40 à 50 000 hectares semés en 2024, contre 30 000 actuellement. » Le créneau est toutefois prisé. Syngenta, qui travaille actuellement à étoffer sa gamme X-terra avec l’appui d’un réseau d’agriculteurs testeurs, compte sur une commercialisation en 2026. Bayer voit en la France l’un des tous premiers marchés sur lequel sera déployée une variété hybride issue d’un partenariat avec RAGT, « avant 2030 », selon son président, Yves Picquet.

Et le bio ?

Chez les exposants semenciers, les critères agroécologiques ont pu être particulièrement valorisés, notamment en 2019. L’enchaînement 2022-2023, avec la montée en puissance des enjeux de souveraineté alimentaire sur fond de climat capricieux et de contraintes réglementaires, a rebattu les cartes. Un des indices de ce changement est le faible nombre de semenciers à mettre le bio en avant de manière significative. Sem-Partners en fait partie, et pour cause : depuis le rachat par Secobra il y a deux ans, la firme est en charge de la gamme AB des deux sociétés. « Ce segment fait face à ses propres défis, que nous essayons de résoudre, commente Geoffrey Le Tallec, responsable développement. Notamment le blé meunier bio, régulièrement déclassé. » Saatbau, qui revendique le statut de premier sélectionneur de variétés bio, tient également à défendre sa gamme : « En bio, nous sommes présents historiquement sur les céréales à paille, mais nous sommes actifs sur le maïs, le soja, et l’un des seuls sur le colza », glisse Jean-Philippe Courreau, manager produits.

Moment convivial pour les semenciers aussi

Dans un secteur qui bouge, un autre objectif des exposants - si ce n’est le premier ! - est tout simplement de se faire connaître. Lidea, fruit du rapprochement entre Euralis semences et Caussade semences groupe en 2020, « doit consolider sa visibilité, car si les agriculteurs connaissent et utilisent nos variétés, ce n’est pas encore systématique pour notre identité », juge Aurélien Deceunink, son responsable marketing. Même son de cloche chez Saatbau : « Nous sommes un groupe d’ampleur européenne, à 300 millions d’euros de chiffre d’affaires, mais notre notoriété ici est à peaufiner, car la filiale française n’a été créée qu’en 2015 », rappelle Jean-Philippe Courreau.

Dans une dynamique de rapprochements et de déploiements stratégiques des entreprises, les Culturales jouent aussi un rôle de cohésion interne. Pour Deleplanque et Saaten Union, cette édition 2023 était ainsi la première depuis l’unification des réseaux de commercialisation. Tandis que chez Florimond Desprez, les équipes des filières pomme de terre (via la marque Germicopa), betterave et céréales/oléoprotéagineux animaient le stand en commun. Faustine Duyck, responsable communication betterave, conclut : « La convivialité des salons, ça compte aussi en interne, surtout que les occasions de se réunir sont rares. »

Un salon, des nouveautés

C’est le jeu, quel que soit le salon : les exposants n’ont évidemment pas oublié de mettre en avant leurs propres actualités, paris stratégiques et innovations. Retour sur quelques nouveautés présentées.

  • Secobra a appris, le jour-même de l’ouverture des Culturales, la distinction de Carrousel et Constel, deux nouvelles références de sa gamme, parmi les variétés préférées des brasseurs et malteurs de France. « Cette reconnaissance a du sens, et pas seulement en France », se réjouit Anne-Charlotte Secci, responsable communication.
  • Au rayon des innovations, Dekalb expose ses expérimentations en matière d’écartement réduit entre les semences de maïs, pour proposer des recommandations fines, au cas par cas. « C’est un paramètre peu exploité pour jouer sur le curseur de la densité de semis, qui offre des perspectives en matière de gestion de l’eau et des adventices », explique Guillaume Chancrin, responsable marketing maïs.
  • La variété Smart Evita KWS sera proposée aux betteraviers pour les semis 2024. Sa spécificité ? « Elle est résistante aux herbicides de la famille des sulfonylurées, ce qui permet de limiter les passages liés au désherbage à deux, au lieu de quatre », spécifie Romain Volpoet, commercial chez KWS France.
  • Sur le stand voisin, KWS maïs France sensibilisait les visiteurs à un projet encore en gestation : celui d’un maïs « très basse humidité ». Objectif : raisonner au-delà du rendement et compter le prix du séchage dans le calcul de rentabilité. « En récoltant à 15 % d’humidité, au lieu de 25 %, on économise de l’énergie de séchage, et on repense aussi la gestion de l’eau, explique Vincent Leclere, ingénieur d’affaire. Nous sommes en phase de test avec des distributeurs. »
  • RAGT, de son côté, attire l’attention des agriculteurs sur l’enjeu de la richesse en huile. Un paramètre d’avenir, selon Gilles Guivard, responsable marketing. « Six de nos variétés, dont la nouveauté RGT Ceos, présentent des teneurs avoisinant les 46 %, contre 40 % pour les normes du marché, affirme-t-il. Notre label Oil+ met en avant ce critère, que certains OS valorisent déjà. Les tensions autour de l’huile au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine est un signal. »