Culturales - Chez les semenciers, la « constance des rendements » prend le pas sur les « hauts potentiels »
Le | Agrofournisseurs
Les semenciers ont profité des Culturales, les 14 et 15 juin dans l’Essonne, pour faire valoir leur implication dans la recherche de variétés efficaces malgré les incertitudes climatiques et une palette de solutions phytosanitaires en recul. L’idée n’est plus de maximiser les rendements à tout prix, mais de garantir un niveau de performance. Tour de stands.
Déambuler dans les allées des Culturales, c’est capter, à travers les choix de communication des exposants, les grandes tendances des marchés d’intrants agricoles. Du côté des semenciers, l’idée n’est plus de mettre en évidence des « hauts potentiels de rendement », envisageables seulement dans les conditions idéales, mais plutôt une « constance de rendement ». Autrement dit, les agriculteurs attendent des variétés dont les performances sont peut-être moindres, mais atteignables en toutes conditions.
L’après néonicotinoïdes anime les betteraviers
Le message est d’autant plus clair pour la filière betterave, orpheline des néonicotinoïdes. Deleplanque mise sur Vitaly, variété commercialisée depuis cette année. Emmanuel Sterlin, responsable de la communication chez Saaten Union, qui faisait stand commun avec Deleplanque, insiste sur la nécessité de rassurer au sujet de la jaunisse, « sans relâcher l’attention sur d’autre risques qui restent importants pour les agriculteurs, comme la cercosporiose ou les nématodes ». De son côté, KWS France « est sur la bonne voie », selon Romain Volpoet, commercial pour le semencier, qui veut toutefois éviter la sur-promesse : « Nous avons six variétés de betterave à l’inscription, pour des niveaux de tolérance intermédiaire à la jaunisse. La résistance, ce ne sera pas avant 2030. »
Les semenciers challengés sur les engrais…
Parmi les réalités du moment, Céline Bardin, responsable de la communication chez LG, cite le prix des engrais : « Cette problématique persiste en 2023, même si elle est moins prégnante qu’en 2022. Nos variétés présentant de la flexibilité par rapport aux apports azotés continuent d’intéresser. » Le colza a, de plus, connu son propre retrait de molécule, avec l’arrêt de l’insecticide phosmet, utilisé contre la grosse altise, à l’automne 2022. Arnaud Nogues, chef marché chez KWS maïs France, rappelle que l’implantation de la culture de colza et le développement rapide de la biomasse est une première forme d’assurance, face à ce ravageur. Raison pour laquelle KWS maïs France met particulièrement en avant sa nouveauté KWS Mikados, qui présente des atouts en la matière.
…et sur les résistances aux maladies
Son collègue Thierry Chesneau, chef de marché hybride chez KWS Momont, note d’ailleurs que la suppression d’une molécule n’est pas le seul ressort de popularité des résistances : « Globalement, pour le blé, la résistance aux maladies est un critère très demandé », estime-t-il. Chez LG, Aurore Guilvert, cheffe de marché céréales à pailles, confirme cette tendance également pour les orges, tout comme Élodie Batut, cheffe de marché colza pour Corteva, concernant le colza.
Le climat, sujet chaud
Sous le cagnard de l’Essonne, les 14 et 15 juin, évoquer la constance des rendements, c’était aussi parler de l’adaptation à un climat de plus en plus stressant pour les cultures. Chez Dekalb, cette garantie passe par un label de son cru, SiloSecur, créé pour la campagne 2024. Cette déclinaison du label DK optim’eau, lancé par Dekalb en 2012, s’appuie sur une comparaison des rendements avec les références régionales, « quelles que soient les conditions de culture, ainsi que sur le comportement du maïs en végétation pendant son cycle », explique Pauline Boussin-Fort, cheffe de marché maïs semences. Dekalb distingue ainsi ses variétés de maïs grain et fourrage les plus résilientes.
Des labels internes en série
Avec DK optim’eau et SiloSecur, Dekalb n’est pas le seul semencier à valoriser certaines variétés de sa gamme grâce à des labels maison. RAGT, de son côté, attire l’attention des agriculteurs sur l’enjeu de la richesse en huile, pour le colza, avec Oil+, qui réunit six de ses variétés, avec des teneurs en huile avoisinant les 46 %, contre 40 % pour les normes commerciales. RAGT propose aussi Secure Install, qui distingue l’implantation réussie des colzas. Pour ses betteraves, KWS France brandit Cerco+, appellation accolée à une nouvelle génération de variétés tolérantes à la cercosporiose (une variété commercialisée en 2023, trois autres attendues pour 2024). Chez LG, les variétés de colza estampillées N-flex sont celles qui se comportent le mieux en cas d’apports limités en azote.
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