BASF entend créer des plans d’accompagnement pour six de ses molécules sensibles
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Les représentants de BASF agro organisaient, le 9 novembre, un vaste point d’étape sur la feuille de route agroécologique du groupe. Au-delà de l’innovation attendue via la protection des plantes et les autres leviers de son approche « combinatoire », la firme tient à mieux accompagner l’utilisation de ses produits conventionnels les plus surveillés.
Le 9 novembre, BASF agro a convié la presse pour un point sur sa feuille de route agroécologique, lancée en 2020. Avec un message très clair. De « combiné » à l’inévitable « combinatoire », en passant par l’infinitif « combiner », les déclinaisons de la notion de « combinaison » ont été utilisées pas moins de quinze fois en un peu plus d’une heure. Le DG de BASF France, Jean-Jacques Pons, a toutefois souhaité étayer ses éléments de langage avec des indicateurs.
L’objectif est de réduire la place des produits phytosanitaires conventionnels dans le chiffre d’affaires, en le faisant reculer de 95 % aujourd’hui, à 75 % en 2030. Et donc, mathématiquement, faire de la place aux autres leviers de son approche combinatoire, dont 10 % pour le biocontrôle. Le chemin est loin d’être tout tracé : en 2022, ces spécialités représentaient 4 % du chiffre d’affaires, contre 5,5 % en 2021. Un recul expliqué par le fait ce marché est « très concurrentiel », dixit Benjamin Gicquel, responsable pôle agroécologie, stewardship et filières.
17 %
C’est la part de marché de la protection des plantes de BASF agro pour 2022/23, selon les estimations de la firme.
Une attention particulière aux molécules sensibles
Jérôme Tournier, responsable du pôle marketing cultures, explique toutefois qu’il n’est pas question de tourner le dos aux produits phytosanitaires, mais BASF entend orienter sa R&D vers des innovations « compatibles avec les attentes des consommateurs ». Le tableau des « projets » attendus à horizon 2025/26 compte par exemple une demi-douzaine de produits issus de la technologie fongicide Revysol, qui entre dans cette catégorie selon lui.
Quant aux produits de la gamme actuelle, et plus particulièrement ceux qui sont considérés comme « sensibles », BASF entend anticiper au maximum. Des « programmes d’accompagnement » de ces molécules doivent permettre un usage raisonné, optimisant leur efficacité avec des dosages inférieurs aux maximums autorisés. Trois plans sont déjà en place (DMTA-P, bentazone et métazachlore), et trois autres verront le jour d’ici à 2030, sur des spécialités qui seront sélectionnées au fil de l’eau.
Bas-carbone, BASF veut s’affirmer
L’approche touche à tout de BASF se traduit au-delà de son offre de produits de protection des cultures. La firme veut avancer sur le dossier du bas-carbone. En cela, le marché des inhibiteurs d’uréase et de nitrification, en vue de limiter les émissions liées aux apports d’azote, est jugé prometteur. Aux deux spécialités déjà commercialisées (Limus Care et Vibelsol) s’ajoutera bientôt une troisième référence (Limus Perform, en 2025), tandis que des tests seront réalisés en 2024 pour une quatrième (Vizura), à utiliser notamment pour les digestats de méthanisation.
BASF mène aussi des essais visant à caractériser les interactions entre protection fongicide et apport d’azote, pour le blé. Objectif : mesurer de combien la dose d’azote peut être réduite, associée aux fongicides BASF, sans compromettre le rendement.
Jouer la carte partenariale
Enfin, pour l’enjeu de la décarbonation comme pour les autres, la carte collaborative est affichée. La firme assure avoir déjà noué 22 partenariats stratégiques. La distribution est au premier rang : sept coopératives (1) et négoces figurent parmi les « Agropartners » de BASF (quatre de plus sont actuellement en pourparlers), tandis qu’Actura et le Groupe Perret figurent dans la catégorie des partenaires sur la thématique « itinéraires techniques agroécologiques ».
(1) une seule est citée, la coopérative Maïsadour. Le projet porte notamment sur la construction de nouveaux itinéraires de désherbage durable en production de maïs dans les conditions du Sud Ouest.