Référence agro

Bayer vise la décarbonation de la chaîne de valeur

Le | Agrofournisseurs

Engagée dans la lutte contre le changement climatique, Bayer Crop Science, forte de sa plateforme digitale Climate FieldView, a lancé son programme Initiative Carbone en Europe. La société vise non pas la recherche de crédits carbone mais la décarbonation de la chaîne de valeur. Explications avec Lionnel Alexandre, coordinateur du programme carbone pour l’EMEA, et Alice Nolli, responsable pour la France.

Lionnel Alexandre et Alice Nolli sont coordinateurs du programme carbone de Bayer Crop Science, resp - © D.R.
Lionnel Alexandre et Alice Nolli sont coordinateurs du programme carbone de Bayer Crop Science, resp - © D.R.

Comme la plupart des multinationales, Bayer s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique. Le groupe a pour objectif la neutralité carbone pour l’ensemble de ses activités d’ici à 2030. La division Crop Science vise quant à elle la réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre par kilogramme de produit agricole récolté. Un programme Initiative Carbone a été lancé en Europe en juin.

« Ce programme se construit avec de nombreux partenaires : institutionnels, universités, start-up et entreprises agroalimentaires, précise Lionnel Alexandre, coordinateur du programme carbone pour l’EMEA. Notre objectif est de créer de la valeur ajoutée. Car ces changements doivent toucher les trois piliers du développement durable, dont l’économie. »

Allier décarbonation et productivité

Afin de créer de la valeur autour des évolutions opérées chez l’agriculteur pour augmenter le stockage du carbone et réduire les émissions de gaz à effet de serre, Bayer ne vise pas la recherche de crédits carbone. « Nous attendons que les règles européennes s’harmonisent autour des exigences relatives aux crédits carbone agricoles, reprend Lionnel Alexandre. La Commission européenne y travaille et nous devrions y voir plus clair d’ici à la fin 2022. »

Pour le coordinateur du programme, mieux vaut, pour le moment du moins, viser la décarbonation de la chaîne de valeur. « L’avantage réside dans la prise en compte simultanée de la productivité des cultures, indique-t-il. L’objectif est de conserver ou d’augmenter les rendements tout en améliorant le bilan carbone. » Des négociations sont en cours avec des industriels cherchant des productions bas-carbone.

« Les plus-values pour l’agriculteur ne proviendront pas uniquement de l’aval, mais également des politiques agricoles et des améliorations réalisées dans la gestion de l’exploitation, comme la réduction d’intrants ou l’augmentation de qualités agronomiques des sols par exemple », tient à préciser Lionnel Alexandre. La recherche de la décarbonation de la chaîne de valeur est d’autant plus intéressante que les crédits carbone générés ne sont pas encore toujours rentables.

Du fournisseur de services au coordinateur complet

« Dans l’Hexagone, des discussions ont lieu avec la distribution agricole, souligne Alice Nolli, responsable du programme pour la France. Les distributeurs ayant des activités de transformation agroalimentaire sont directement intéressés. Les autres le seront également, mais pour vendre leurs productions bas-carbone aux industries agroalimentaires avec lesquelles nous aurons négocié. »

Bayer propose d’être un fournisseur de services ou de devenir le coordinateur complet de toute l’opération. « Les distributeurs qui ne veulent pas investir dans cet enjeu peuvent nous confier le suivi de toutes les étapes : recrutement et formation des agriculteurs, collecte et analyse des données, certifications bas-carbone, etc. », précise Alice Nolli.

Climate FieldView, pour des mesures précises

Bayer trouve sa légitimité dans ses compétences en digital farming. Son programme européen Initiative Carbone implique dès à présent 28 fermes pilotes dans huit pays. Cinq sont en France. « Notre plateforme digitale Climate FieldView permet de mesurer de manière précise et fiable toutes les évolutions des pratiques relatives au carbone et de les croiser avec les données rendement, avance Lionnel Alexandre. Cela permettra d’affiner les pratiques au fil des ans. » L’outil de calcul de l’empreinte carbone qui sera utilisé au niveau européen reste encore à confirmer : différentes solutions, telles que Cool Farm Tool, sont à l’étude.